Pierre Moscovici devrait présenter mardi la synthèse du « nouveau modèle économique, social et écologique » constituant les « fondamentaux » du projet socialiste pour 2012.
Les socialistes viennent de construire le premier étage de leur fusée qui doit les conduire jusqu'aux primaires en 2011… et au-delà. Bien que bloqué à Québec, en raison du nuage volcanique, Pierre Moscovici a mis hier la dernière main au document de synthèse qui jette les bases du « nouveau modèle économique, social et écologique » du PS. Le député du Doubs devrait le présenter cet après-midi lors d'un comité de pilotage puis demain au cours du Bureau national (le gouvernement du parti).
Dans ce texte de 22 pages très ancré à gauche - que « Les Echos » se sont procurés -le PS réaffirme le rôle de l'Etat dans la politique industrielle et plaide, dans le même temps, en faveur d'une société plus juste. Le document dessine l'architecture de nouvelles politiques publiques. Entre les nationalisations des années 1980 et le libéralisme de la droite, il trace une voie médiane : un « volontarisme » économique qui permet de « redécouvrir à la fois l'économie mixte et la responsabilité de l'Etat », ainsi que l'affirme un membre de la direction. Partant du principe qu'il n'y a « pas d'économie forte sans industrie forte », les socialistes prônent la création d'un Pôle public d'investissement industriel. « Financé massivement, mobilisable rapidement, décliné territorialement sous forme de fonds régionaux d'investissement, adossé la Caisse des Dépôts et Consignations, à la Banque de France, à La Banque Postale et à Oséo, ce pôle public de financement et d'investissement industriel sera un outil majeur du pilotage de la politique industrielle nationale », indique le document. Une partie des sommes consacrées au crédit impôt recherche, « mal ciblé » selon les socialistes, lui serait attribuée. Par ailleurs, afin de favoriser l'émergence de champions européens, les socialistes proposent de créer une Agence européenne de l'innovation industrielle adossée à la Banque européenne d'investissement.
Pour le PS, le renforcement du rôle de la puissance publique devra s'exercer également dans le domaine de la politique sociale. Les socialistes veulent instaurer une « sécurité sociale professionnelle ». Dans ce cadre, chaque Français se verrait attribué un « compte formation », inversement proportionnel à la durée de ses études, qui permettra de se former tout au long de la vie professionnelle. Cette sécurité sociale professionnelle « sera financée par une majoration des cotisations sociales des entreprises employant un quota trop élevé de travailleurs précaires et par une révision des exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires ». Les rédacteurs disent vouloir « reconstruire un droit du travail protecteur après des années de démantèlement par la droite ». Le texte insiste également sur un meilleur partage des richesses au sein de l'entreprise. « Les dirigeants des groupes du CAC 40 ont vu leurs salaires augmenter de 400 % en huit ans, quand les salaires des travailleurs du secteur privé ont timidement augmenté en moyenne de 3,5 %. » Le texte suggère que « les salaires soient compris dans une échelle de l'ordre de 1 à 20. »
Désireux de remettre la finance au service de l'économie réelle, les socialistes souhaitent encadrer des produits dérivés, accroître la régulation du secteur bancaire, instaurer des taxes sur les bonus et sur les transactions financières internationales. Enfin, la « révolution fiscale » qu'ils appellent de leurs voeux devra, selon eux, permettre de réorienter la finance vers l'économie et de mieux partager les richesses.
Ce « nouveau modèle économique, social et écologique » doit constituer une base de dialogue avec les écologistes, le PCF mais aussi entre socialistes : les militants devront trancher le 29 mai lors d'une convention nationale. Ce coup de barre à gauche est également destiné à convaincre les Français que, s'ils étaient au pouvoir, les socialistes auraient d'autres recettes que la droite.
RENAUD CZARNES, LES ECHOS
LES SOCIALOS SONT FÂCHÉS AVEC LES CHIFFRES, ILS N'ONT JAMAIS SU NI VOULU COMPTER...PLUS LOIN QUE LEURS DIX DOIGTS.
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