samedi 2 août 2014
Hollande, Aubry et les réducteurs de têtes
Martine Aubry va de contrariété en contrariété.
François Hollande et Manuel Valls -qui la suspectent d'être, dans la pénombre, le chef d'orchestre des "frondeurs"- l'ont punie: puisque c'est comme cela, pas de délai, pas d'atermoiements, la région Nord-Pas-de-Calais et la région Picardie, que cela plaise ou non à "Martine", sont priées de se marier. Et vite. Attendre, ce serait faire le jeu des corporatismes.
Mais il y a pire pour la maire de Lille qui avait entrepris en 2011 de mettre sur pied, avec Cécile Duflot et aux prix de géantes concessions du PS aux écologistes, une alliance rose-verte (et un peu rouge).
D'une part, les Verts sont en train de passer, à l'initative du tandem Hollande-Valls, chez les réducteurs de têtes: on leur demande de devenir sérieux, d'arrêter de rouler les mécaniques et de choisir une bonne fois pour toutes entre les gauchistes du NPA et le PS ou, si l'on préfère, entre Chavez et Tony Blair (ou Jaurès ?). Dans ces conditions, Cécile Duflot, dont Martine Aubry avait fait son alliée privilégiée, a préféré, on le sait, quitter le navire. Minoritaires à Europe-Ecologie-Les Verts, Jean-Vincent Placé, François de Rugy et Barbara Pompili, eux, ont pris le chemin inverse: oui à une alliance décomplexée avec les sociaux-démocrates.
D'autre part, non contente de s'être installée en force (avec culot et... talent) à la tête du ministère-clé de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, Ségolène Royal, la crise aidant, a entrepris d'essorer, de lessiver, de pressurer le poétique programme que les Verts ont tenté, pendant dix-huit mois et contre toute évidence, de présenter comme crédible. Que la ministre n'ait pas les moyens du projet -pourtant réduit- qu'elle défend désormais sous la bannière de la "transition énergétique", c'est ce que dit la droite. Le fait est cependant que Ségolène Royal, quitte à décevoir ceux qui avaient sincèrement cru aux lubies vertes, "vend" maintenant un projet de transition énergétique différent et crédible parce que, tout simplement, réaliste. Y compris sur le nucléaire, dont il est désormais permis à nouveau de parler au PS sans subir les foudres des ayatollahs.
La leçon de l'affaire est double.
1. Un "accord" comme celui conclu en quasi-catimini en 2011 entre le PS et les Verts menait forçément à un cul-de-sac. C'est fait.
2. Aucun cadeau ne sera fait à Martine Aubry dont le programme anti-nucléaire et hyper-vert de 2011 n'avait, les hollandais en sont convaincus, qu'un but: piéger Hollande. Ou plutôt: tenter de le piéger.
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