samedi 2 août 2014
François Hollande aime les tribunes : le 8 mai à quelques semaines des élections européennes dans Le Monde, en juin sur la réforme territoriale dans la presse régionale, et également ce vendredi 1er août sur la Première Guerre mondiale et la paix. Une multiplication d'interventions pas toujours opportunes.
Jean-Philippe Dubrulle : Cette tribune assez convenue est une affirmation d’idéaux. Elle est d’abord publiée en échos aux commémorations autour de la mort de Jean Jaurès et présente un caractère opportun évident. Elle se situe aussi en échos au conflit israélo-palestinien et aux manifestations comme à Barbès. La réponse de François Hollande, c’est de mettre en avant l’union nationale, la Grande Guerre servant à hisser en idéal l’union nationale dans un moment où l’on pourrait craindre les tendances communautaires.
Cette tribune est très coupée des préoccupations des Français à l’heure où l’on annonce une hausse du chômage en juin. Leurs préoccupations sont centrées sur la situation économique du pays. On le voit dans notre baromètre Ifop puisque ¾ des Français considèrent que François Hollande n’est pas proche de leurs préoccupations, ce que la tribune semble confirmer. Depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois la communication de François Hollande est centrée sur la grandeur de la France. On voit que François Hollande se raccroche à ce rôle de représentation nationale. Cela peut passer pour une manœuvre d’évitement. Au lieu d’évoquer les problématiques économiques et sociales on a l’impression que François Hollande tente de capitaliser sur ce qui est toujours bénéfique pour la cote de popularité du président de la République : la politique internationale et la place de la France dans le monde. En juillet, 3/4 des Français n’approuvait pas la politique de François Hollande mais la moitié approuvait son action à l’étranger.
Utiliser Nicolas Sarkozy est difficilement compréhensible, mais on peut éventuellement voir dans son discours une tentative de toucher l’électorat de l'ancien président.
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Le fait que la parole et l’engagement du président de la République soient mis à mal par sa propre majorité témoigne de tensions et d’un manque de contrôle de l’exécutif sur le Parlement. Comment expliquer ce revirement sans y voir la résistance des élus locaux ? Il faut rappeler que dans l’engagement de réduire le nombre de conseillers territoriaux il y avait l’idée de faire des économies… En faisant une tribune dans la presse régionale François Hollande marque sa volonté de s’exprimer directement auprès des Français. Il fait donc une promesse solennelle qui n’est pas tenue. Cela peut créer des problèmes dans le futur lorsqu’il voudra mettre en œuvre des réformes et les faire voter.
On voit que François Hollande est dans l’affirmation d’idéaux et de principes comme celui de la France unie alors que les préoccupations sont ailleurs. On peut en déduire qu’il y a une coupure, un décalage et un manque de dialogue entre le Président et les Français. Si l’exécutif ne s’exprime que sur des déclarations très consensuelles c’est qu’il est difficile pour lui de le faire sur d’autres sujets. C’est donc en soit une manière de faire diversion. La question du bien-fondé des interventions se pose, mais le président doit de nos jours occuper le terrain médiatique et s’exprimer.
Toutefois, parler de cette manière et de cette façon pourrait favoriser le vote contestataire.
A force de trop parler des sujets qui n’importent pas aux Français, François Hollande risque de creuser la rupture entre le président et les citoyens et d’être considéré comme détaché de leurs préoccupations. Il risque de faire monter le vote protestataire. On le voit dans les sondages, puisque Marine Le Pen atteint 26 % des intentions de vote au premier tour de la présidentielle. Le capital électoral engrangé par le FN lors des dernières élections présidentielles, municipales et européennes se consolide voire augmente.
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