mardi 21 janvier 2014
Genre, genre, genre à l’Assemblée
Genre, genre, genre à l’Assemblée
C’est une Assemblée très majoritairement masculine – à 74 % –, comme le faisait remarquer un éditorialiste, qui va examiner, à partir de lundi, le projet de loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes, un texte porté par le ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, qui a déjà été adopté au Sénat. Mais le climat est largement consensuel. Il est des combats dans lesquels on ne risque pas sa peau. Le féminisme est aujourd’hui de ceux-là.
Et il ne parle plus de guerre des sexes, époque bien révolue. Mais de « réduction des inégalités » contre les « tentations permanentes de régression », à travers un large panel de dispositifs touchant aussi bien à la vie familiale que professionnelle, à la représentation politique qu’aux images médiatiques. C’est la première fois qu’un projet de loi tente de balayer de manière aussi transversale le sujet.
Protection ou obligation ?
Noble tâche, on veut protéger les femmes contre les violences. Dès l’âge tendre, tout d’abord, en interdisant les odieux concours de « mini-miss » aux moins de treize ans. Puis en renforçant le dispositif de l’ordonnance de protection pour les victimes de conjoints violents. Et en instaurant un système de garantie contre les impayés de pensions alimentaires – 40 % d’entre elles : une pension minimale sera expérimentée, et la différence payée par la CAF – pourtant déjà bien déficitaire…
En contrepartie, elles vont se (re)mettre au travail. Et vite. Le congé parental – qui ne concerne que 3 % des hommes – est en ligne de mire : à partir de deux enfants, sa durée restera de trois ans à condition que six mois soient pris par le second parent, sinon elle sera raccourcie à deux ans et demi. « 18 000 hommes prennent un congé parental, on en attend 100 000 en 2017 », clame Najat.
Le rêve de la mixité absolue
Et attention au monde du travail qui a intérêt à respecter à la lettre ces impératifs catégoriques. Les exigences de parité seront étendues à une bonne partie des établissements publics. Et les entreprises ne respectant pas les dispositions sur l’égalité professionnelle seront pénalisées. Belkacem veut lutter contre les écarts de rémunération mais aussi contre la « non-mixité »,celle de ces secteurs où les femmes n’apparaissent pas et vice versa : du BTP pour Isabelle, de la puériculture pour Gaston. « Aujourd’hui, seuls 17 % des métiers sont considérés comme mixtes. Nous nous fixons comme objectif d’arriver à 30 % en 2025. »
Attention aussi aux partis politiques dont les pénalités pour manquement à la parité seront doublées. La loi imposera aussi, dans les exécutifs locaux, la parité entre la tête de l’exécutif et son premier adjoint : « Le paysage politique devrait être profondément chamboulé en quelques années. »
Quant à l’image de la femme, elle doit être « préservée », ou plutôt imposée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel qui veillera à la lutte contre la diffusion de stéréotypes sexistes et d’images dégradantes des femmes. Autrement dit, porno oui, « rôle réducteur » de la femme au foyer, non.
Parfaire la révolution
Tout cela sera très probablement agréé. Le seul point qui a quelques chances de faire bouger l’opposition est celui de l’avortement pour lequel le texte projette de supprimer l’idée d’une « situation de détresse », issue de la loi Veil de 1975. Pour Belkacem, « il y a un décalage entre les textes et la façon dont cette pratique est conçue ». Cette abrogation sacraliserait, de plus, un « droit fondamental », plutôt malmené dans la voisine Espagne. Des députés UMP menés par Philippe Gosselin et Jean-Frédéric Poisson, membres de l’Entente parlementaire pour la famille, vont défendre le maintien de cette notion qui fait selon eux de l’IVG une « exception ». Tout en affirmant qu’il n’y a là aucune volonté de nuire à l’IVG : « Nous ne sommes pas en Espagne. » Ça oui.
En France, on avance. Vallaud-Belkacem appelle au front la troisième génération des droits des femmes, pour fonder les conditions de l’égalité « réelle » contre l’héritage des millénaires. On peut être sûr qu’il y en aura une quatrième, puis une cinquième…
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