TOUT EST DIT

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mardi 21 janvier 2014

Grèce : entre présidence de l’UE et sortie de l’euro

Cette année sera une année particulière à Athènes. D’une manière assez paradoxale, le pays occupe la présidence de l’Union Européenne. Certes, il a atteint ses objectifs financiers, mais il pourrait bien avoir besoin d’un nouveau plan et surtout, la perspective d’un conflit politique a fortement augmenté.


Un contexte économique compliqué
 
Jean Quatremer peut bien se réjouir de l’évolution de la situation en Europe (fermant les yeux sur la situation sociale dramatique des pays « aidés » ou sur le fait que le montant des créances douteuses en Espagne ne cesse de progresser, à 13,1%), la situation est moins stable que les euro béats ne veulent bien l’admettre, malgré le calme des marchés. Car le fait que la Grèce ait maintenant un excédent primaire de son budget (avant paiement des intérêts) veut aussi dire qu’une sortie de l’euro devient encore plus facile pour le pays, qui n’aurait pas besoin de plan d’austérité en cas de défaut sur sa dette.
 
Du coup, cela rend aussi le bras de fer entre les autorités grecques et la troïka plus équilibré, pour qui voudrait vraiment créer un rapport de force. Or, il y aura sans doute besoin d’une nouvelle aide pour le pays, comme même le ministre allemand des finances l’a reconnu. En effet, les banques grecques ont déjà bénéficié 40 milliards sur les 50 dont dispose le fond de soutien du pays. Mais le montant colossal des créances douteuses (24% fin 2012 !) pourrait nécessiter de nouveaux fonds et il n’est pas évident que le Fonds Héllénique de Stabilité Financière soit suffisant…
 
Vers une crise politique ?
C’est la menace qui pèse depuis longtemps sur le pays. A l’automne 2011, les dirigeants européens avaient scandaleusement demandé au premier ministre de revenir sur son idée de soumettre le plan européen à l’approbation d’un référendum, précipitant une chute que l’on pouvait assimiler à un coup d’état de la part des instances européennes. En 2012, lors des élections législatives, la population avait majoritairement voté pour des partis hostiles aux plans, mais ND était parvenue à légèrement devancer Syriza, garantissant une majorité parlementaire pour soutenir les plans, avec l’aide du PASOK.
Mais cet équilibre est extrêmement instable. Assez fréquemment, des élus de la majorité en démissionnent, réduisant celle-ci à une peau de chagrin. Mieux, les élections européennes de mai 2014 pourraient voir le succès des partis opposés à la troïka, avec la fatigue – légitime – du peuple grec. Une victoire de Syirza et un bon score des partis qui refusent la saignée que subit le pays depuis quatre ans pourraient boulverser l’équilibre politique, déjà instable, du pays. Partout en Europe, des critiques de plus en plus dures des plans européens se fait jour, comme au sujet de l’Irlande par Jean Gadrey.
 
L’accession de la Grèce à la présidence de l’UE en 2014, à la veille d’élections qui devraient voir le succès des partis euro-réalistes, est un immense paradoxe. Elle rappelle à tous la nocivité des plans européens, mais aussi leur inefficacité, puisqu’une nouvelle aide est nécessaire.

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