samedi 30 novembre 2013
La grande faute du pouvoir
Au lieu d’écouter les Français, la gauche assimile ceux qui n’en peuvent plus à des “factieux”.
Parce que quelques trublions ont hué Hollande, le 11 Novembre, et qu’un hebdomadaire sans audience a pondu une couverture bêtement raciste, les consciences de gauche affectent des mines de vierge effarouchée, comme si des divisions SS convergeaient vers Paris au pas de l’oie. Au prix d’amalgames grossiers, la droite UMP, les “bonnets rouges”, le FN, les “marcheurs pour tous” et… Valeurs actuelles sont censés prédisposer les esprits à l’avènement d’un “fascisme”, grâce au ciel in trouvable.
L’appel au combat contre la bête immonde ne vise qu’à escamoter les motifs d’une exaspération tous azimuts qui délégitime la classe politique en général, le pouvoir de Hollande en particulier. À cet égard, les rares officines d’extrême droite servent la soupe aux socialistes, comme les manifestants du 6 février 1934 l’ont servie aux initiateurs du Front populaire.
Si les tensions du corps social dégénéraient en giclées de violence, Hollande en tirerait profit, car la peur incite tôt ou tard le citoyen lambda à s’abriter derrière le chef, quel qu’il soit. D’abord sympathiques à l’opinion, les désordres de Mai 68, qui émanaient de la gauche, ont eu un épilogue électoral désastreux pour celle-ci.
Aussi l’UMP doit-elle s’abstenir de souffler sur les braises d’une révolte qu’elle n’a pas les moyens de convertir en un gain politique. En revanche, elle doit dénoncer sans cesse la confusion entretenue par le pouvoir et ses relais médiatiques pour la culpabiliser.
On peut redouter l’ampleur des flux migratoires, dénoncer les communautarismes et contester le cosmopolitisme idéologique sans être pour autant raciste, xénophobe, nationaliste, etc. On peut récuser le laxisme de la garde des Sceaux et de tels magistrats sans être un suppôt de l’ordre moral version Mac-Mahon ou Pétain. On peut s’opposer au mariage unisexe et à ses suites sans être taxé d’homophobie ou de puritanisme.
Sur ce sujet, les gloseurs de gauche ont tort et raison à la fois de s’appesantir sur les “marcheurs pour tous”. Tort de les réduire aux acquêts d’une faction d’intégristes cathos et d’ultras. La plupart des manifestants n’étaient guère politisés ; ils ont exprimé plus ou moins consciemment leur attachement à une civilisation qu’ils estiment en grave péril, rien de plus, rien de moins. Raison, car il est vrai que le déficit de légitimité de Hollande a pris sa source dans son dédain irrespectueux de contestataires, certes résolus, mais pacifiques et de bonne foi. Il aurait dû les recevoir, les écouter et tenter de mesurer ce qui distingue une conscience blessée d’une revendication catégorielle.
Au lieu de quoi, il a vu l’opportunité tactique de ressouder sa majorité en imposant une loi dont bénéficiera une infime minorité d’homosexuels dont il se fiche éperdument.
La conjonction de son autisme et du sectarisme de ses “amis” aura donné le ton d’un art de gouverner pire qu’inadéquat par temps d’orage. Ses mêmes “amis” persévèrent en se gargarisant du mot “droitisation”, sans comprendre du tout en quoi notre société a cessé d’être en phase avec leurs présupposés. Leur incapacité viscérale à respecter l’autre les aveugle et les mure dans un pharisaïsme qui rappelle le stalinisme de jadis, la foi révolutionnaire en moins.
La France bascule à droite dans ses profondeurs, phénomène inédit depuis les années soixante. C’est un fait. Hollande serait bien inspiré d’en prendre acte et d’en analyser les attendus, sous peine de mettre ce vieux pays à feu et à sang. On ne lui demande pas de se renier, mais de rompre avec ce mépris glacial qui entretient un sale climat de guerre civile larvée.
Les fauteurs de discorde ne sont pas les gens de droite, mais ceux qui, à gauche, escamotent le débat démocratique en expédiant leurs adversaires dans l’enfer d’un “fascisme” imaginaire, double rejeton de leur démonologie et de leur cynisme. À peine savait-on qu’un cinglé avait tiré au fusil sur Libé et BFM TV, le traitement médiatique inspiré par le pouvoir trahit un désir que l’auteur, de « type européen » (sic), soit un factieux d’extrême droite. Plus qu’un désir : un besoin, une nécessité. Or, ce dévoyé est un ersatz tardif du terrorisme d’extrême gauche qui ensanglanta l’Europe il n’y a pas si longtemps, à l’enseigne d’Action directe ou des Brigades rouges.
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