mardi 17 septembre 2013
Fillon dans une posture primaire
La maison UMP est en feu depuis que François Fillon a déclaré, il y a une semaine, avant de récidiver vendredi, que les électeurs de droite devaient choisir, en cas de duel PS-FN, « le moins sectaire ». Au-delà du jugement de valeur – qu’est-ce qui définit un candidat sectaire ? – cette prise de position choque d’abord car venant d’un homme qui s’est toujours inscrit dans la ligne du gaullisme social, incompatible avec les idées d’extrême droite. L’ancien Premier ministre avait d’ailleurs toujours œuvré à maintenir une digue infranchissable entre l’UMP et le Front national. Ne déclarait-il pas, il y a quelques mois, avoir souffert, à Matignon, de la droitisation de la campagne de Sarkozy sous l’influence de Patrick Buisson ?
Alors, pourquoi ce soudain virage à droite ? François Fillon a tout simplement tiré les leçons de son échec à conquérir l’UMP à l’automne 2012. Dans sa ligne de mire, il y a la primaire en vue de la présidentielle de 2017. Laquelle, pour l’ancien Premier ministre, se gagnera d’abord à droite. Comme ce fut le cas pour la présidence de l’UMP. Mais outre le fait qu’il est quand même compliqué d’être crédible quand on déclare tout et son contraire à quelques semaines d’intervalle, le nouveau héraut de la « droite forte » de l’UMP, celle qui rêve ouvertement d’un Pacs électoral avec le FN, risque de perdre gros. Car si la primaire d’une l’UMP décomplexée se joue à droite, l’élection présidentielle sous la Ve République sacre le candidat qui sait fédérer, y compris par défaut. En 2012, Hollande a ainsi profité du rejet, par une partie du pays, de Sarkozy, celui-là même qui avait gagné en 2007 parce que Ségolène Royal était, par son style notamment, trop clivante.
Alors, les déclarations de Fillon peuvent-elles faire imploser l’UMP ? Probablement pas dans la mesure où celui-ci reprend une position qui est majoritairement soutenue par les adhérents du premier parti français d’opposition. Cela met cependant en avant un décalage entre les préoccupations des responsables du parti et celles des Français, ainsi que des désaccords profonds à son sommet.
S’il a gagné de nouveaux adeptes, François Fillon a aussi vu ses lieutenants – qu’il n’avait pas avertis – prendre leurs distances. Alors qu’il avait pris l’ascendant, dans l’opinion publique, sur Jean-François Copé, l’ancien Premier ministre réhabilite son rival de manière inespérée pour ce dernier. Voilà qu’entre Fillon et Copé, le deuxième apparaît désormais comme le moins sectaire des deux. Spectaculaire rebondissement.
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