mardi 24 septembre 2013
« Angie » plébiscitée
Les sondages la donnaient gagnante. Les urnes l'ont plébiscitée. Angela Merkel, avec plus de 42 % des suffrages et une forte participation, a remporté, hier, sa plus belle victoire. Du jamais vu depuis Adenauer. Son parti, la CDU, obtient la majorité et réalise autant que les sociaux-démocrates, les Verts et l'ultragauche réunis.
La première victime de ce sacre, c'est son allié FDP depuis quatre ans, le parti libéral. Il reste hors du Bundestag pour la première fois depuis soixante-cinq ans. C'est un séisme pour ce parti qui n'avait pas réussi à réellement peser dans la coalition.
La seconde victime, ce sont les sociaux-démocrates du SPD. Ils n'ont pu que limiter la casse. En quatre ans d'opposition, ils n'ont pas davantage réussi à affaiblir Merkel qu'ils n'y étaient parvenus durant les quatre années précédentes de grande coalition.
L'autre enseignement de ce scrutin, c'est la percée du vote protestataire anti-euro. L'Alternative pour l'Allemagne s'affirme bruyamment. Certes, l'Allemagne reste moins perméable que tous ses voisins aux sirènes du populisme, mais ce score doit faire réfléchir. L'an prochain, aux élections européennes, la barre ne sera placée qu'à 3 % pour être élu.
Écrasante, la victoire de Merkel était presque embarrassante hier soir. Une majorité absolue, arithmétiquement viable, le serait-elle politiquement ? Une grande coalition, avec le SPD, ne risque-t-elle pas de ne laisser, pour toute opposition, qu'une portion infime de l'opinion (les Verts et Die Linke, soit 16 %) ? Embarras du triomphe.
Quelle zone euro demain ?
Ce qui demeure, ce sont les défis qui attendent Angie. À l'intérieur : politique salariale, transition énergétique, infrastructures. À l'étranger, tous les partenaires de Berlin attendent un signal sur l'euro. Quelle zone euro la Chancelière entend-elle forger pour les dix prochaines années ?
Tous les connaisseurs de l'Allemagne affirment qu'il ne faut pas s'attendre à un changement notable de la part de Merkel. Une Merkel très forte ne peut annoncer qu'une continuité très forte. A priori.
Qui sait si les événements ne vont pas l'induire à évoluer. D'ici à Noël, le Portugal aura besoin d'un nouveau plan d'aide. En 2014, la Grèce et l'Irlande aussi. Ces sujets, tabous en campagne électorale, vont revenir. Or, des raisons, pourtant, plaident pour une évolution.
D'abord, le poids de la dette allemande. 2 200 milliards d'euros, que la crise démographique outre-Rhin va alourdir encore. Berlin ne peut, à terme, prétendre maintenir ses performances sans une reprise en zone euro. Et c'est là que le débat sur la mutualisation des dettes souveraines ne peut être considéré comme clos. Pour l'heure, Merkel reste inflexible. Mais, l'idée de mutualiser une partie de la dette, celle tolérée par Maastricht, n'est pas venue d'Athènes. C'est un comité de sages bien allemands qui l'a préconisé. Il se pourrait qu'on en reparle à l'avenir.
L'autre rendez-vous, c'est celui que les Britanniques ont fixé avec l'Europe. Sur le rapatriement de certaines compétences de Bruxelles. Merkel ne souhaite pas voir Londres quitter le navire. Elle fera tout pour trouver une voie médiane lui permettant de garder aussi bien Londres qu'Athènes à bord.
Le rébus est complexe. Il exige, sans doute, une vision, absente jusqu'ici. Un supplément d'âme européenne qu'Angela n'a pas hérité de son mentor, Helmut Kohl. Mais maintenant qu'elle a fait aussi bien que lui et qu'Adenauer...
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