TOUT EST DIT

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mardi 24 septembre 2013

Merkel III et le paradoxe allemand

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire… Ou sans majorité, comme c’est le cas pour Angela Merkel. La chancelière a remporté un véritable triomphe électoral, qui lui garantit un troisième mandat de quatre ans, mais elle a perdu son allié, le petit parti libéral (FDP), qui n’a pas réussi à franchir la barre des 5 % et n’est plus représenté au Bundestag, pour la première fois depuis 1949. « Chancelière cherche partenaire », titrait hier la pour résumer la situation.
Cela paraît étonnant vu de France : en Allemagne, un parti peut gagner largement des élections législatives, sans disposer pour autant d’une majorité pour gouverner. Ce paradoxe allemand s’explique par le mode de scrutin à deux voix : une première voix pour élire directement le député de la circonscription, et la seconde pour le vote à la proportionnelle d’une liste de parti au niveau régional. Avec un scrutin majoritaire, comme en France, Angela Merkel pourrait compter sur une confortable majorité parlementaire.
En dépit de son score historique, elle rate la majorité absolue, de cinq sièges seulement. Cela aurait aussi été une grande première depuis le chancelier chrétien-démocrate Konrad Adenauer dans les années 1960. Une situation qu’Angela Merkel ne souhaitait pas, car elle aurait renforcé l’emprise de la branche bavaroise sur son gouvernement. Ainsi, la CSU veut imposer un péage sur les autoroutes allemandes pour les automobilistes étrangers. Angela Merkel ne veut pas non plus d’un salaire minimum généralisé, la principale revendication des sociaux-démocrates, mais devra néanmoins se résoudre à une « cogestion » comme lors de son premier mandat.
Seule alternative à la grande coalition : une alliance avec les Verts. Angela Merkel ayant opté pour la sortie du nucléaire après la catastrophe de Fukushima, le principal obstacle à un rapprochement avec les écologistes a été levé. Mais elle apparaît toujours contre-nature. En politique, il ne faut jamais dire jamais, cela est vrai aussi en Allemagne.
En attendant la fin des tractations, on peut constater qu’en Allemagne, il n’y a de parti à la droite de la CDU, pas de droite extrême hostile à l’Europe au parlement, comme c’est le cas dans de nombreux pays en Europe. Cela serait aussi déjà le cas en France, s’il y avait un scrutin proportionnel. Mais ça, c’est le paradoxe français.

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