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mercredi 5 juin 2013

Retrouver le chemin de la croissance

Retrouver le chemin de la croissance


Depuis dix ans, la France ne cesse de perdre des parts de marché sur son terrain de jeu par excellence : l'agriculture et l'agroalimentaire. Grignotés par leurs concurrents les plus immédiats, l'Allemagne et les Pays-Bas, mais aussi talonnés par les pays émergents, Chine et Brésil en tête, les industriels broient du noir. Et l'Association nationale des industriels de l'agroalimentaire (Ania) tire la sonnette d'alarme. Le confortable excédent commercial encore dégagé l'an dernier - 9,2 milliards d'euros - est largement imputable au secteur des vins et spiritueux.

En 2008, après la crise des marchés financiers, l'agroalimentaire semblait pourtant avoir démontré sa capacité de résilience. À tort. Faute d'avoir pris la mesure exacte des transformations à l'oeuvre en Europe et dans le monde, la France se trouve fragilisée. Redoutable, alors que le secteur représente 495 000 emplois.
Question de vision. La France n'a pas su, par exemple, analyser le repositionnement stratégique de l'Allemagne qui a fait, depuis la réunification, une priorité de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Une politique cohérente basée sur les volumes, l'innovation et la coopération entre industriels et la grande distribution. Les hard-discounters allemands s'installent ainsi à l'étranger en emportant dans leurs bagages leurs fournisseurs.
À l'inverse, la France souffre d'un tissu industriel émietté. Trop de petites entreprises, des résultats insuffisants pour investir, pas assez de PME de 400 ou 500 salariés capables d'aller à la conquête de marchés à l'exportation.
La crise révèle nos fragilités
Pas assez la bosse du commerce, non plus - l'excellence technique n'est pas suffisante - quand les Danois, les Hollandais ou les Allemands sont déjà solidement implantés à l'est du monde. S'y ajoute le poids, sans doute excessif, de la grande distribution : 13 500 entreprises face à sept centrales d'achat.
Dans ce nouvel environnement, la crise économique sert de révélateur aux fragilités de l'agroalimentaire de l'Ouest. Une région dont le modèle, avec l'élevage et les légumes, repose encore trop sur la production de grands volumes. Le retard pris dans les restructurations, la formation parfois insuffisante des salariés complique la donne en Bretagne. S'y ajoutent les errements stratégiques de Doux au Brésil et la difficulté de la filière porcine à s'entendre pour trouver une solution aux difficultés du groupe Gad.
Attention, pourtant, à ne pas trop noircir le tableau. Si, dans son ensemble, l'industrie française a perdu, depuis dix ans, 20 % de son niveau de production et de ses effectifs, l'agroalimentaire a, en dépit de tout, préservé ses positions. Et a tout pour retrouver le chemin de la croissance en associant les volumes, l'environnement, l'export et les signes de qualité... La mise en place d'un fonds de modernisation des PME, financé en partie par la Banque publique d'investissement et des fonds privés, pourrait y contribuer. Tout comme un meilleur accompagnement des PME sur de nouveaux marchés et une simplification de certaines règles.
L'appétit des consommateurs des pays émergents pour la viande et les produits laitiers ne faiblit pas. Ce serait tout de même un comble que la France et les éleveurs de l'Ouest n'y trouvent pas leur place.

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