mardi 21 mai 2013
Un Français s'attaque au continent de plastique
Dans le Pacifique Nord, les courants océaniques charrient des millions de tonnes de plastique. Leur accumulation couvre désormais une zone grande comme six fois la France. Un continent d'ordures, le 7e continent, provenant de la consommation humaine, a pris forme. Le navigateur Charles Moore l'a découvert par hasard en 1999 lors d’une expédition et il a alerté Algalita, une fondation américaine de recherche océanographique. Le 20 mai, c'est un Français qui, à la tête de l'organisation 7e continent, a décidé d'aller sur place pour voir et faire des recherches. Patrick Deixonne, 48 ans, pompier de formation et skipper professionnel, a rejoint le domaine de la recherche pour dénoncer ce continent de poubelles et pour que les pays réagissent enfin et s'allient pour nettoyer la mer.
Expédition. Patrick Deixonne, chef de mission, Président d'OSL et membre de la Société des Explorateurs Français et son équipe ont financé leur expédition sur leur seul investissement personnel. Le propriétaire d'une Goélette a mis à
disposition son bateau pour que cette équipe d'irréductibles chercheurs et protecteurs de la nature puissent aller sur le 7e continent, ramener les preuves de son existence, de son étendue. Ce 20 mai, l'équipe de chercheurs et de professionnels de la mer devrait quitter San Diego pour se rendre sur le vaste continent d'ordures. Ils se donnent un mois pour analyser le terrain et devraient passer deux à trois semaines en mer. Leur embarcation est un Swan 47. A bord, ils ont une balise Argos pour pouvoir suivre leur parcours, cinq bouées dérivantes pour connaître les courants de surface, une bouée Gyroplastique pour caractériser les milieux traversés, des filets et des systèmes de filtration dans le but de collecter du plastique et du plancton.
Situation. Une couche de déchets pouvant atteindre 30 mètres d’épaisseur et représentant six fois la France menace la planète et ses habitants, les animaux comme les humains. Les déchets plastiques se dégradent extrêmement lentement et menacent l'écosystème et la santé humaine. Les poissons, la faune marine mais aussi les grands prédateurs comme les tortues, les oiseaux de mer ou les mammifères marins, avalent ces polluants. Les animaux marins et les oiseaux confondent les morceaux de plastique avec des proies et meurent par asphyxie. « Ces déchets finissent par former des micro-plastiques caractérisés par une taille inférieure à cinq millimètres. Ces grains de plastique agissent comme des éponges, fixant de nombreuses toxines dans des proportions plusieurs millions de fois supérieures à la normal. Ces polluants véhiculés par les plastiques sont ingérés par la faune marine. Certains ont la propriété de s’accumuler dans les organismes qui les consomment et peuvent avoir des conséquences sur la santé de ces animaux et celle de leurs prédateurs, dont l’homme fait partie (retour à l’envoyeur !) »,expliquent les chercheurs.Au bout de cette chaîne alimentaire, c'est l'homme qui est directement touché par cette pollution. Selon les chercheurs, cette importante superficie de poubelles qui se trouvent dans l'océan serait dans une zone peu fréquentée par la navigation : « Il n’y a pas de voiliers de plaisance, pas d'exploitation par la pêche industrielle, et on ne recense que quelques îles minuscules çà et là. Cela fait dix ans qu'on supposait l’existence d'une forte concentration de plastiques dans la zone. Greenpeace avait donné l’alerte à plusieurs reprises mais on ignorait l'étendue du problème jusqu’à ce qu’une organisation écologiste de la côte ouest des Etats-Unis, l'Algalita Marine Research Foundation (AMRF), publie les résultats de ses recherches au terme d’une enquête menée sur les dix dernières années ». Cet immense continent se trouve dans les eaux internationales et personne ne se sent obligé d'intervenir pour avertir et trouver des solutions adéquates. Actuellement, nous avons une absence quasi-totale d'initiatives publiques consacrées à la question des macro-déchets en pleine mer.
Objectif. Sur place, les chercheurs vont faire des reportages afin de montrer au monde entier l'étendue des dégâts engendrés par l'homme. L'objectif est d'obtenir des solutions pour lancer une opération sur le long terme pour nettoyer la mer et stopper cette pollution qui menace notre environnement. « Notre équipe ne recherche pas la gloire ou la notoriété, mais bel et bien à nous informer sur l'ampleur de la pollution plastique. Grâce aux images que l’on va ramener, toute personne touchée par une photo, un film, ne se contente plus de la simple contemplation. S’ensuit un questionnement, et sûrement l’envie d’agir », explique le chef de mission. N
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