La France fait-elle confiance à sa jeunesse ? Avec la « génération sacrifiée » qui galère pour entrer dans le monde du travail, comment ne pas en douter. Aujourd'hui, un jeune de moins de 25 ans sur quatre est au chômage. C'est plus que la moyenne de l'Union européenne. Beaucoup moins que les records des pays du Sud où, par exemple, plus de la moitié des jeunes Grecs ou Espagnols cherchent, en vain, du travail.
jeudi 30 mai 2013
Le pari de la jeunesse
Mais, au-delà de ces chiffres, le constat renvoie à une interrogation : les sociétés traitant ainsi leur jeunesse sans qu'il soit question de leur vendre du rêve font-elles le maximum pour agir face à l'urgence de la situation ? Des sociétés malmenées par la mondialisation, les errements de la finance ou de leur classe dirigeante. Leur volonté politique en pâtit et laisse parfois dubitatif.
Hier pourtant, les bases d'un « new-deal » franco-allemand sur l'emploi des jeunes ont été jetées afin de combattre le phénomène qui touche l'Europe de plein fouet. Mais que faut-il espérer de cette « offensive » poussée par Paris et Berlin ? On promet aux six millions de jeunes concernés un plan d'actions et un déblocage de fonds européens avant fin 2013.
En attendant l'Arlésienne, l'Allemagne affiche le taux de chômage des jeunes (7,6 %) le plus bas d'Europe. Et nous donne encore la leçon. Les Européens accourent outre-Rhin. Ils y découvrent les vertus de la formation en alternance et de l'apprentissage quand nous payons, aujourd'hui au prix fort, des décennies de mépris à l'endroit du travail manuel.
Éviter l'exil forcé
On le voit, le mal dont souffre la France et qui mine les jeunes (et leurs parents) est profond. Il remonte au-delà de la crise financière de 2008. Depuis les années 1970, ce chômage spécifique, plus grave encore pour les peu qualifiés, a résisté à tous les plans imaginés par la droite et la gauche. Les récents emplois d'avenir comme les nouveaux contrats de générations, sur lesquels François Hollande et le gouvernement fondent de gros espoirs, contribueront-ils à adoucir la courbe du chômage ? Au mieux amortisseurs de crise, ils ne régleront pas le problème de fond : l'absence de croissance qui appelle d'autres réformes pour relancer la machine.
Revers de la médaille : l'ultra compétitif modèle allemand, lui, multiplie néanmoins les mini-jobs à 450 € mensuels et la précarité. Au nom de l'harmonisation européenne, verra-t-on des règles made in Germany érigées en normes, au risque d'un nivellement par le bas ? Une certitude : notre salut ne viendra pas des autres.
C'est pourquoi, la France ne pourra pas faire, non plus, l'économie d'une réflexion globale sur son enseignement général et sa formation professionnelle. Sur ses filières d'excellence comme sur ces voies surencombrées ou obsolètes qui conduisent à de véritables impasses. En finir avec ces tromperies, comme avec l'usage abusif des stages qui masquent de vrais emplois, suffirait à donner des gages d'espoir. Et à diminuer la fuite des cerveaux.
Car, dans ce contexte de déprime, nombre de jeunes choisissent l'exil. Une solution radicale. Faire ses valises pour voir si l'herbe est plus verte ailleurs reste une expérience formidable tant les voyages forment la jeunesse. Mais élargir son champ de vision, contraint et forcé, pour s'inventer un avenir impossible dans son propre pays est désastreux. Rentreront-ils, un jour en France, plus forts et plus expérimentés ?
Oui. S'ils décident d'y revenir.
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