vendredi 17 mai 2013
Émeutes du Trocadéro : un aveuglement idéologique
Les émeutes du Trocadéro résultent d’une inversion des priorités et d’une impression d’impunité.
La ministre des Sports dit enfin la vérité : « les vrais responsables sont les casseurs ». Le ministre de l’Intérieur, lui, avait sous-estimé la menace, puis l’avait minimisée, persistant à évoquer des ultras plutôt que des casseurs. Les ultras, cela sous-entend des hooligans abreuvés d’idéologie d’extrême-droite. En fait, les choses sont plus complexes : aux fachos de Boulogne, s’opposaient les gauchistes d’Auteuil, et les ultras d’aujourd’hui sont moins politisés.
Le ministre de l’Intérieur n’a guère été clairvoyant. D’abord parce qu’il est pris dans la nasse de la mythologie de gauche. Les hooligans de Boulogne étaient effectivement dangereux. Ils regroupaient une grosse moitié des 500 skinheads qui existent en France, pour la plus grande joie de l’extrême-gauche qui s’en sert de repoussoir et d’épouvantail depuis trente ans. La mythologie d’extrême-gauche est parvenue à faire croire à la société française que plusieurs dizaines de milliers de fanatiques bottés étaient prêts à tabasser les opposants.
En réalité, c’est à l’extrême-gauche que prospère toute une contre-société prête à basculer dans la violence, qui vit parfois en marge des lois, et qui bénéficie de relais dans des associations et groupuscules. Phénomène de subversion subventionnée par les largesses de l’État, sous le regard bienveillant d’une certaine intelligentsia.
Des policiers qui ont ordre de ne pas bouger
Des zones de clandestins à Calais, où se relaient des associations et groupuscules qui entravent l’action de la justice, à l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, peuvent dès lors s’enkyster des fronts d’opposition violente aux lois de la République. Sans parler d’un phénomène né dans les années 1990, celui de l’irruption dans les grandes agglomérations, à l’occasion de grands événements, de bandes ethnicisées qui agissent à mi-chemin de l’expédition punitive (pour taper sur les policiers) et de la razzia.
Le ministre de l’Intérieur a, en outre, mal géré les manifestations hostiles au mariage gay. Minoration du nombre de manifestants et sévérité des forces de l’ordre sont reconnues par maints commentateurs. Une sévérité qui tranche avec la doctrine du ministère de l’Intérieur, qu’on avait par exemple vu à l’œuvre lors des déprédations en marge des manifestations contre le CPE, les CRS ne chargeant qu’avec d’infinies précautions tant les bandes d’extrême-gauche que les bandes ethnicisées. Et changement aussi de doctrine médiatique, les débordements n’étant plus décrits comme se déroulant « en marge » des honnêtes gens mais au cœur d’une « radicalisation » de ces derniers.
Le fruit était mûr. On avait inventé un danger là où il n’existait presque pas. Et négligé de se protéger de dangers récurrents. Les émeutes du Trocadéro furent un drame de l’aveuglement idéologique. Et de l’impunité. Car l’attaque contre le car de touristes s’est déroulée sous les yeux des forces de l’ordre. Mais la chaîne de commandement fut pétrifiée de terreur à l’idée d’être accusée par les médias de « violences policières ». Depuis le saccage du parvis de la gare Montparnasse devant des escadrons de CRS bras croisés, les pillards sont galvanisés par une impression d’impunité et l’image pusillanime que leur renvoie l’autorité publique. Un émeutier de 2005 déclarait vouloir en découdre avec « des policiers qui ont ordre de ne pas bouger […] Il faut juste se méfier des civils, en blouson, qui sont dans la foule ».
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