samedi 27 avril 2013
Le mur de la honte !
Le mur de la honte !
Ce "mur des cons" est celui de la honte. De la honte d'un pouvoir politique qui laisse faire, voire encourage.
On peut tout relativiser, c'est d'ailleurs le drame de notre temps. On peut par exemple considérer que le "mur des cons" qui orne les locaux du Syndicat de la magistrature est une bonne blague, de mauvais goût, certes, mais une bonne blague, pas de quoi fouetter un chat, une plaisanterie de "potaches", comme dit la présidente dudit syndicat, Mme Martres, qui représente un tiers de la magistrature française, on peut rigoler de tout ça et du reste. Nous, pas. Nous, les cons.
Ce qu'ils ont fait là est indigne. C'est indigne en soi, déjà. Il s'agit d'une attaque à la personne, aux personnes. Dès l'instant où l'on désigne ces personnes, il s'agit d'une forme de délation. Si de surcroît on les groupe, c'est une liste qu'on dresse. Liste, ce mot sent mauvais. Il renvoie à un passé peu ragoûtant. Il a une connotation raciste, un parfum d'ostracisme. Ils sont même assez salauds pour afficher parmi les cons le visage du père d'une victime de l'assassin Guy Georges sous prétexte qu'il avait approuvé Sarkozy sur le problème de la rétention de sûreté. Mais bref, calmons-nous.
Ce qui est objectivement révoltant, c'est de qui cela vient. Des juges. Des juges, dont la fonction exige l'impartialité, la neutralité. Certes, on connaît depuis longtemps les engagements politiques du Syndicat de la magistrature. Mais s'il avait voulu accréditer le procès qu'on lui fait d'avoir de la justice une conception politique, il n'aurait pas fait mieux. Il est désormais avéré qu'un tiers des magistrats français sont favorables à une justice politique. Pourquoi pas à une justice d'État ? Mme Taubira dit que les victimes de cette dénonciation sont "parfaitement fondés à déposer plainte". C'est encore heureux. Trop aimable ! Mais qui va juger leur plainte ? Les magistrats qui les ont dénoncés ?
Cette Mme Martres sent bien le danger. Alors elle minimise. Même pas un mot d'excuse, de regret, de courtoisie. Même pas conscience de son inconvenance, elle qui a supporté ce pousse-au-crime dans ses propres locaux ! Drôle de juge ! Mieux, elle se fait tout de suite accusatrice, victime même. Elle retourne la preuve. Elle dénonce "l'amalgame entre cet affichage qui n'est rien d'autre qu'un mouvement d'humeur à un moment donné (sic !) et les combats que nous menons". Comme s'il n'y avait pas de rapport entre ceci et cela. Elle se fiche de nous. Et, naturellement, elle accuse Sarkozy et les attaques qu'il portait en son temps contre les magistrats, comme si bien avant Sarkozy le Syndicat de la magistrature n'avait pas engagé le combat politique contre la droite. Et l'aurait-on entendue, la présidente, si la droite au pouvoir avait utilisé contre "la justice de gauche" des procédés aussi minables, aussi dégueulasses, que cette dénonciation publique !
Il est rassurant d'observer que certaines voix de gauche condamnent la grossièreté commise par le Syndicat de la magistrature. "Pas supportable", dit Bartolone. Mais pourquoi ont-ils depuis tant de temps supporté tant d'atteintes à l'idéal républicain et démocratique qu'ils défendent avec tant d'ardeur ? Pourquoi ont-ils, par laxisme, par sectarisme, laissé se développer cette déliquescence ? Pourquoi cet abîme entre ce qu'ils disent et ce qu'ils laissent faire ou font ? Pourquoi tant de complaisance vis-à-vis de ce qu'ils dénoncent ? Ce sont des faiseurs d'illusions. Celui-ci rêve d'une République exemplaire, celui-là introduit à l'école l'enseignement de la morale laïque et républicaine. Et pendant ce temps, leurs amis magistrats (magistrat, ça n'est pas rien !) clouent sur un mur de honte les visages de ceux qui ne pensent pas comme eux, comme font les flics lorsqu'ils recherchent des criminels.
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