samedi 27 avril 2013
Rétablir l’Etat impartial
Rétablir l’Etat impartial
Le « mur des cons » du syndicats de la magistrature ne reflète pas seulement une faillite intellectuelle et éthique de quelques individus — qui ne semblent d’ailleurs pas toujours comprendre ce qui leur est reproché — mais il traduit aussi une déliquescence générale du sens de l’Etat. La notion de l’Etat moderne s’est construite sur le principe d’institutions neutres, opposée à la personnalisation des charges. Ainsi, on n’hérite plus d’une fonction publique, on y accède par son mérite. L’Etat impartial est au cœur de la déclaration des droits de l’homme de 1789. Aux termes de son article VI, la loi étant l’expression de la volonté générale, elle « doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse« . Le service public doit être par conséquent assuré dans la neutralité, c’est-à-dire sans considération des opinions politiques, religieuses ou philosophiques des fonctionnaires, des magistrats, ou des usagers. La sinistre « révolution nationale » dans les années 1940 à 1942 a voulu remettre en cause le principe de neutralité : « La vie n’est pas neutre ; elle consiste à prendre parti hardiment. Il n’y a pas de neutralité possible entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal, entre la santé et la maladie, entre l’ordre et le désordre, entre la France et l’anti-France. » (discours de Pétain du 15 aout 1940). Elle a échoué, mais…. Mais aujourd’hui, que reste-t-il vraiment de l’Etat impartial? Une partie des magistrats revendique haut et fort leur combat idéologique dans l’exercice même de leur mission. Les hauts fonctionnaires sont soit limogés soit désignés en fonction de leurs affinités politiques. Le service public de l’audiovisuel (France télévision, France Inter, etc.) est totalement dévoyé à une œuvre de propagande unilatérale. Certains professeurs ne reculent pas devant le bourrage de crâne de leurs élèves.
La première tâche du gouvernement issu de la prochaine alternance devrait être le rétablissement de l’Etat impartial, fondé sur le principe suivant : dès lors qu’une activité bénéficie d’argent public – prélevé sur les impôts de tous les citoyens – le principe de neutralité politique, idéologique, religieuse doit être scrupuleusement respecté. Une haute autorité indépendante, élue, dotée de pouvoir de sanctions, serait chargée de faire respecter cette valeur fondamentale. Les nominations à caractère politique, non justifiée par la compétence et le mérite, seraient interdites. Le service public de l’audiovisuel serait astreint à la plus stricte neutralité, ce qui suppose une impartialité dans les commentaires et un équilibre dans les prises de paroles des politiques. Les syndicats de fonctionnaires ou de magistrats devraient s’en tenir à leur rôle, celui de défendre une profession, toute prise de position idéologique leur étant fermement interdite. Les professeurs devraient s’en tenir à leur métier qui est d’enseigner et ne jamais faire valoir leurs opinions auprès de leurs élèves. Voilà, ce n’est qu’à ce prix que la France pourra reconstruire un Etat digne de ce nom.
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