TOUT EST DIT

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samedi 1 septembre 2012

Les raisons d’une dramatisation 


« Nous sommes devant une crise d’une gravité exceptionnelle », a lancé hier François Hollande, en Champagne. Économie sans croissance n’étant que ruine du moral, il était temps que le chef de l’État s’exprimât.
Son constat tient du réalisme – sur la stagnation de l’activité et sur l’inquiétude des Français – et de la franchise, mais la dramatisation relève aussi de la tactique. L’objectif est triple.
Primo, en redéfinissant une priorité nationale incontestable, la lutte contre le chômage, il s’agit de redonner du sens à un début de mandat qui semble s’effilocher.
Secundo, demander aux Français un peu de patience, donc faire admettre ce qui paraît une lapalissade, mais ne l’est nullement aux yeux de nos concitoyens : un quinquennat, par définition, dure cinq ans, et pas seulement cent jours.
Mais le tertio est le point essentiel : il faut préparer le pays à des efforts supplémentaires. À l’Élysée, à Matignon, à Bercy, sans être forcément d’accord sur l’ampleur de l’ajustement, il ne fait pas de doute que la croissance va être revue à la baisse. Elle est de 1,2 % selon la prévision actuelle. La diminuer de 0,5 %, hypothèse plausible, obligerait l’État à trouver 5 milliards d’euros supplémentaires, sous forme de moindres dépenses ou de nouvelles rentrées. Pas facile en temps de disette.
Il existe bien un scénario alternatif : s’affranchir de cette contrainte, en demandant à nos partenaires de l’Union un rééchelonnement du calendrier.
« Autre politique » séduisante pour certains, et pas seulement à l’extrême-gauche, mais qui serait aussitôt sanctionnée par des marchés qui, pour l’instant, accordent crédit – c’est-à-dire de l’argent à taux avantageux – à la gauche depuis son retour au pouvoir.
François Hollande dit les choses avec netteté, mais sans les dire toutes. Il faudra pourtant sortir de l’ambiguïté très rapidement, et le calendrier l’y obligera puisque le projet de loi de Finances doit être bouclé avant fin septembre. L’heure des choix approche, avec ses arbitrages douloureux. N’est donc plus très loin le moment où l’on saura si le président « normal » est aussi homme d’État.

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