Austérité, rigueur. Des mots qui font mal au moral, au porte-monnaie voire à la dignité des peuples. Des mots qui claquent comme des punitions lorsqu'ils sont appliqués ex abrupto sous la pression des marchés ou d'une troïka (FMI, UE, BCE) inflexible. Des mots vécus comme des humiliations par les citoyens des pays désargentés du Vieux continent. Là où les politiques irresponsables ont conduit à accumuler dette et déficit aussi indéfendables qu'insoutenables.
Grecs, Espagnols, Portugais, Italiens... tous ont ce ressenti alors que la crise s'enkyste avec son lot de drames humains jusqu'à son cortège de suicides. Garder la tête haute ? Faire face ? Facile à dire et difficile à vivre au quotidien. Vrai pour les familles touchées de plein fouet par le chômage et le déclassement alors que l'urgence oblige à réparer les erreurs collectives de gestion du passé. Pour repartir sur des bases saines sur fond d'une fichue récession qui, chacun le sait, rend illusoire tout espoir d'amélioration rapide.
Au coeur de cette crise, la France n'échappe pas au climat anxiogène. Mauvaise gestionnaire mais avec des amortisseurs sociaux encore bons, elle ne peut, à l'image de ses voisins surendettés, s'exonérer de tout effort de redressement de ses comptes. C'est pourquoi, l'heure de la rigueur version « hollandaise » a sonné. Moins violente qu'ailleurs, mais réelle. Une stratégie jugée trop douce par l'Allemagne qui, elle, a agi, avec à propos, bien avant les autres pour en recueillir les fruits bien avant tout le monde.
Alors que monte un sentiment de défiance des pays de l'Europe du Sud (plus sévèrement atteints) à l'encontre de ceux de l'Europe du Nord (pas à l'abri du pire), il serait bon d'y prendre garde. Comme il serait injuste de désigner Angela Merkel, papesse de la rigueur, comme seule responsable de décisions prises conjointement à Bruxelles et votées ensuite par les Parlements nationaux, élus, rappelons-le, démocratiquement.
La prise de conscience des peuples sur l'obligation de revenir à plus de raison budgétaire n'est pas remise en cause. C'est plus sur l'aveuglement des autorités que des voix s'élèvent pour exhorter les gouvernements à mettre la pédale douce sur les plans drastiques engagés de manière concomitante.
La mobilisation d'hier, émaillée parfois de violences, émerge donc au moment où les coupes claires dans les budgets nationaux accélèrent chômage, précarité et chute de la consommation. Résultats : la Grèce et l'Espagne sont arrivées au bout de leurs forces, le Portugal et l'Italie sont presque au bout du rouleau quand la Grande-Bretagne et d'autres rament pour éviter la descente aux enfers.
Après avoir sous-estimé l'impact des plans de rigueur sur la croissance, voilà que le FMI redoute que l'austérité ne devienne « politiquement et socialement intenable ». Et qu'il invite, enfin, à desserrer l'étau. Pour redonner de l'oxygène à tous les pays accidentés de la crise ? De l'espoir à une jeunesse ô combien sacrifiée ? L'Europe, gardienne du temple budgétaire, refuse d'acter un assouplissement général. Mais elle se doit de renforcer la solidarité qui « sommeille » en elle. Et pas qu'en désespoir de cause.
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