jeudi 15 novembre 2012
100 % des perdants
100 % des perdants
on se sentait hier comme pris d’un strabisme divergent. Un œil sur
les manifs en Europe contre les tailles budgétaires. L’autre sur
l’ahurissant pactole d’un gagnant à l’Euro Millions : 169 837 010 €.
Si
l’Europe peine à fabriquer des richesses, elle sait produire quelques
superriches. L’énormité du gros lot pourrait faire réfléchir, à un
moment où il n’est question que d’austérité et de récession. Il ne faut
pas oublier qu’il s’agit sur le principe d’un jeu. À considérer comme
tel. C’est quand jouer devient dernier espoir d’ascension sociale que ce
n’est plus drôle du tout.
Dans nos sociétés de lucre, il reste
admis qu’une loterie peut faire le bonheur de quelques-uns au détriment
de la masse. Surtout si l’État prélève sa dîme sur les mises – ce que
d’aucuns qualifient d’impôt sur le rêve. Vive donc l’Euro Millions. Les
peuples d’aujourd’hui ont l’opium qu’ils peuvent. Puissant, quand la
fortune d’un seul atteint des proportions assez monumentales pour
estomper le message de désespoir de tous les autres.
Les temps
récents peuvent bien abonder d’exemples montrant les effets dommageables
de la concentration du profit. Voilà que par la grâce du hasard échoit à
un gagnant une somme telle que tous les appels connexes à la
redistribution, tous les discours sur l’effort de solidarité semblent
relever de l’ironie.
Le nouvel archi-millionnaire n’y peut rien,
bien sûr. Le politique doit se demander, en période de crise, ce que la
collectivité gagne à confier une montagne d’or à un joueur de Loto, sans
s’émouvoir qu’il s’agisse de l’équivalent de deux hôpitaux. Autant ne
pas trop se livrer au jeu risqué des mises en perspective. 100 % des
perdants pourraient se sentir lésés.
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