dimanche 14 octobre 2012
Face à l’islam, quelle laïcité ?
Face à l’islam, quelle laïcité ?
Je me souviens qu’en 2010, dans la
cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, puis dans la basilique de la
Sainte Famille à Barcelone, Benoît XVI avait notamment déclaré
(extraits adaptés) : La beauté de l’architecture sacrée est la grande
nécessité de l’homme. Il est tragique qu’en Europe, surtout au 19e
siècle, se soit affirmée et ait été défendue la conviction que Dieu est
le rival de l’homme et l’ennemi de sa liberté. Il est nécessaire que
Dieu recommence à résonner joyeusement sous le ciel de l’Europe. Avoir
soin de Dieu et avoir soin de l’homme : voilà ce que l’Église désire
apporter à l’Europe.
En réalité – et cela c’est moi qui
l’ajoute – l’Europe vit dans le mensonge. L’Europe fait la part belle
aux milieux islamiques, à l’Organisation de la Conférence Islamique
(OCI). L’Europe a peur du terrorisme musulman. L’Europe a peur de perdre
le pétrole arabe. L’Europe a peur de ses propres banlieues. Et un jour,
l’Europe paiera ses propres peurs très cher.
Pour revenir au pape, en évoquant
Antonio Gaudi, architecte chrétien, concepteur de la basilique de la
Sainte Famille, Benoît XVI avait insisté sur l’importance de la
réconciliation entre la raison et la foi : Gaudi réalisa ce qui est
aujourd’hui une des tâches les plus importantes : dépasser la scission
entre conscience humaine et conscience chrétienne, entre existence dans
ce monde temporel et ouverture à la vie éternelle, entre la beauté des
choses et Dieu qui est la Beauté. La consécration de cette église de la
Sainte Famille (faite basilique par Benoît XVI), à une époque où l’homme
prétend édifier sa vie en tournant le dos à Dieu, comme s’il n’avait
plus rien à lui dire, est un événement de grande signification. Par son
œuvre, Gaudi nous montre que Dieu est la vraie mesure de l’homme, que le
secret de la véritable originalité consiste, comme il le disait, à
revenir à l’origine qui est Dieu, avait conclu Benoît XVI.
A cet égard, j’aimerais rappeler ici que
l’anthropologie chrétienne (c’est à dire, la philosophie chrétienne et
la théologie catholique, combinées, dans l’étude de la personne
humaine), cette anthropologie est essentiellement forgée par celles et
ceux que l’Eglise appelle les saintes et les saints. Avec, par exemple,
saint Jean évangéliste, saint Bernard, sainte Catherine de Sienne et
saint Thomas d’Aquin, les catholiques ont toute la littérature
catholique nécessaire pour s’apercevoir que primo, le christianisme est
issu du judaïsme ; et secundo, que contrairement au judaïsme et au
christianisme, tous deux issus de la bible, l’islam, lui, dès sa
naissance au 7e siècle, n’est issu que de Mahomet et du coran.
Or, les athées et les agnostiques sont
également en mesure de constater qu’en termes anthropologiques, Mahomet
et le coran n’arrivent pas à la cheville de la bible, à la cheville des
Prophètes d’Israël, à la cheville de David et ses Psaumes, à la cheville
des écrits de saint Jean évangéliste, de saint Bernard, de sainte
Catherine de Sienne, saint Augustin et de saint Thomas d’Aquin. En fait,
que l’on soit croyant ou pas, l’intelligence suffit pour constater que
le coran est une livre assez dérisoire en comparaison de la bible et en
comparaison des écrits des Prophètes d’Israël, des saintes et des
saints. Il est vrai qu’une partie du clergé catholique, notamment en
France et au Moyen Orient, semble avoir un degré de culture, de
connaissance, de foi et d’intelligence, degré soit très limité, degré
soit très infesté par le désir de plaire – à n’importe quel prix – aux
représentants et dirigeants musulmans.
Pour ce qui concerne Benoît XVI, il me
faudrait un long article pour tenter d’expliquer, même brièvement, sa
pensée et sa position. Je crois que sur le fond, Benoît XVI est
conscient du désastre annoncé, qui se prépare, avec l’idéologie
islamiste. Cela mis à part, en dehors de ses écrits strictement
théologiques et philosophiques, ce que le Pape dit et lit, est, souvent,
écrit, par d’autres que lui, par d’autres membres de la Curie romaine.
Car le pape est sollicité 10 fois par jour, 7 jours sur 7, pour recevoir
quelqu’un et lui adresser quelques mots.
En résumé, il faut distinguer le
dogmatique et le pastoral. Par exemple, le Concile Vatican II était
pastoral et non dogmatique. Détail intéressant : le plus important texte
dogmatique catholique, c’est le « Credo », le « Je crois en Dieu ». Or,
ce Credo ne dit rien qui ne sorte du catholicisme. Ce que je veux dire
par-là, c’est que les propos judéophobes et islamophiles ne tiennent pas
la route au plan philosophique. Car le « Credo » ne demande ni de
repousser les Juifs, ni d’embrasser les mahométans. En fait, d’un point
de vue philosophique catholique, le peuple juif a participé et
participera jusqu’à la fin des temps au plan divin. Les saintes et les
saints l’ont dit et écrit. Ceux qui disent le contraire, ceux qui sont
judéophobes et islamophiles sont tout simplement des idiots.
Toujours à propos de Benoît XVI, pour
faire court, voici ce que je crois savoir : 1- Benoît XVI s’est fixé
comme priorité l’unité. On peut aimer ou pas. Mais il a choisi l’unité.
Avec qui ? Avec tous les catholiques. Avec les orthodoxes. Avec les
anglicans. Avec les réformés, protestants, évangéliques. 2- Avec cela,
il est vrai que l’amitié envers les Juifs, passe non pas avant, mais
après l’unité que je viens d’expliciter. Benoît XVI s’est donc fixé
comme deuxième priorité l’amitié avec les Juifs. En théorie, c’est
gentil comme tout. En pratique, il y a encore un sacré bout de chemin à
faire. Et sur ce blog, ce chemin je l’ai fait dès le premier jour et je
le poursuivrai jusqu’au bout. Il y a dans l’Eglise des courants de
gauche antisionistes et des courants d’extrême-droite antisémites. Et au
milieu de tout ça, il y a Benoît XVI.
Je sais qu’au Vatican, ou plutôt au sein
de son personnel, c’est un peu le panier de crabes, avec les « pro-ceci
» et les « anti-cela ». Mais ce n’est pas parce que son personnel est
parfois déficient que je vais cesser d’aimer l’Eglise.
Je suppose ou j’imagine que Benoît XVI
essaye de se concentrer sur la priorité mentionnée dans mon point N°1, à
savoir l’unité entre les chrétiens. Je ne sais pas comment Benoît XVI,
qui n’est plus tout jeune et qui n’a jamais imaginé qu’un jour, le
pauvre, il serait pape (il voulait se retirer chez son frère dans sa
terre natale, la Bavière), je ne sais pas comment Benoît XVI,
écrivais-je, arrive à tenir le coup, jour après jour, quand son
entourage ne cesse de lui dire : « il faudrait faire comme ceci » ou
« il faudrait faire comme cela » ; « il faudrait faire un pas
supplémentaire vers les musulmans » ; « il faudrait faire un pas de plus
vers les palestiniens ».
Pour ce qui me concerne, j’ai toujours
souhaité – et je souhaite encore – élargir, le travail et le débat des
idées, dans le cadre d’une anthropologie judéo-chrétienne de la société
libre et laïque. De la société libre, par opposition aux sociétés
totalitaires et autoritaires, que celles-ci soient fascistes,
nationales-socialistes, communistes ou islamistes.
Dans ce cadre anthropologique
judéo-chrétien, je me souviens, par exemple, que dès son arrivée, lundi
11 mai 2009, à l’aéroport Ben Gourion, près de la ville israélienne de
Tel Aviv, Benoît XVI, avait aussitôt déclaré, au pied de l’avion, sur le
tarmac : « Le peuple juif a tragiquement fait l’expérience des
terribles conséquences d’idéologies qui nient la dignité fondamentale de
toute personne humaine. Il est juste et opportun que, pendant mon
séjour en Israël, je puisse avoir la possibilité d’honorer la mémoire
des six millions de Juifs victimes de la Shoah et de prier pour que
l’humanité ne soit plus jamais témoin d’un crime d’une telle ampleur.
Malheureusement, l’antisémitisme continue de relever la tête en beaucoup
d’endroits de notre monde. Ceci est totalement inacceptable. Tous les
efforts doivent être faits pour combattre l’antisémitisme où qu’il se
manifeste ».
Voilà ce que Benoît XVI avait déclaré le
11 mai 2009, à peine arrivé à l’aéroport Ben Gourion. Nos médias –
évidemment – n’avaient pas relayé cela tel que Benoît XVI l’avait
déclaré. En revanche, nos médias s’étaient acharnés contre d’autres
propos (certes différents, et, même, pour certains d’entre eux,
inopportuns) tenus par Benoît XVI lors de son séjour en Israël en mai
2009.
Mais l’essentiel, pour les catholiques,
devrait – normalement -, se situer ailleurs. L’essentiel, pour les
catholiques, devrait – normalement -, se situer, d’une part, dans
l’origine, et d’autre part, dans l’eschatologie, dans le sort ultime de
la personne humaine et dans le sort ultime de l’Univers. Concernant
l’origine, Saint Bernard, parlant des chrétiens par rapport au judaïsme,
a écrit que « les branches (les chrétiens) ne doivent pas être ingrates
envers la racine (le judaïsme), les branches ne disputeront pas à la
racine la sève qu’elles tiennent d’elle ». Concrètement, l’Eglise
reconnaît le lien qui relie les catholiques au judaïsme. Avec Saint
Bernard, l’Eglise demande même aux catholiques, je cite Saint Bernard,
de ne pas être ingrats envers les Juifs et de se souvenir que c’est du
judaïsme que les chrétiens tiennent la sève de leur foi.
L’Eglise catholique a reconnu et
reconnaît encore, par des textes écrits, que les prémices de la foi
catholique se trouvent dans les patriarches, dans Moïse et dans les
prophètes. Saint Jean évangéliste a écrit que « le salut vient des Juifs
». C’est, du reste, la raison pour laquelle, je crois fermement,
concernant l’eschatologie, concernant le sort ultime de la personne
humaine et de l’Univers, que Dieu aura un seul peuple, Israël et les
chrétiens issus des Nations. Dieu jugera le monde et l’Eglise de la même
manière que le monde et l’Eglise auront jugé Israël. Et il ne nous
appartient pas de juger, par nous-mêmes, sous quelle forme
anthropologique, Dieu aura un seul peuple, Israël et les chrétiens issus
des Nations, dans les temps eschatologiques.
Mais laissons les temps eschatologiques
et revenons au temps présent. Le monde va mal. Il a besoin d’unité. Si
quelqu’un veut faire du prosélytisme et de l’évangélisation, je
l’invite, avant toute autre forme d’évangélisation, à prier et à exercer
son métier. Car depuis qu’il est pape, Ratzinger a rappelé, à de
nombreuses reprises, que l’évangélisation se fait d’abord par le travail
et la prière ; et non pas d’abord par l’usage de la parole ou par
l’écriture (à moins d’être journaliste et essayiste, n’est-ce pas ;
auquel cas aussi, il faut prier d’abord et écrire ensuite…). Les grands
discours (je fais allusion aux bavards professionnels ; et non pas
allusion à Benoît XVI), les grands discours, écrivais-je, cela ne marche
qu’un certain temps. Après, les gens se lassent et repartent déçus.
Et si nous voulons de l’œcuménisme, je
propose de l’intensifier avec les Juifs et avec les Evangéliques. Plutôt
que de nous planter avec les musulmans dans de creux bavardages que les
musulmans eux-mêmes qualifient de creux bavardages. Actuellement,
l’islam n’est pas disposé au dialogue alliant foi et raison. L’islam
actuel s’avère même totalement incapable d’allier foi et raison. La
réaction hystérique aux propos – pourtant purement historiques – de
Benoît XVI à l’université de Ratisbonne en a témoigné. Du reste, Benoît
XVI avait réitéré, en Jordanie, en 2009, son invitation aux musulmans,
invitation à combiner foi et raison. Sur ce point, le discours en
Jordanie de 2009 n’a pas différé du discours de Ratisbonne et n’a pas
différé non plus du discours au Collège des Bernardins.
Cela m’est égal qu’il y ait plus d’un
milliard de musulmans et « seulement » quelques millions de Juifs et
d’Evangéliques sur terre. Ce n’est pas un motif suffisant pour
privilégier le dialogue avec l’islam au détriment du dialogue avec le
judaïsme et les communautés évangéliques. Dans le moyen et le long
terme, c’est l’amitié judéo-chrétienne qui fera rempart aux islamistes
radicaux du Hamas, du Hezbollah, des Frères musulmans, d’Ennahda,
d’Al-Qaïda, d’Ahmadinejad, des talibans. Ménager l’islamisme radical,
c’est un calcul à court terme. Un calcul qui ne nous créera que des
ennuis. Du reste, pour le dialogue avec les musulmans, je note que
l’Union Européenne ne dialogue pas avec les intellectuels musulmans
réformateurs (ils sont pourtant des centaines et ils attendent toujours
notre ouverture au dialogue) ; l’Union Européenne préfère dialoguer avec
l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) et avec la Ligue
Arabe.
Quant à l’antisionisme (que j’ai
abondamment pratiqué dans ma jeunesse…), y compris l’antisionisme
catholique français (très conspirationniste), il est une idéologie
haineuse qui se drape dans la soi-disant défense des droits de l’homme.
Si la France n’est plus antisémite, pourquoi ne le prouve-t-elle pas
dans ses actes ? C’est facile de faire mémoire de la Shoah tout en
refusant, à demi-mots, aux Juifs leur terre ancestrale.
A cet égard, je rappelle qu’Israël s’est
retiré du Sinaï. Qu’Israël s’est retiré du Sud-Liban. Qu’Israël s’est
retiré de la Bande de Gaza. Résultat : le Sinaï est un lieu de transit
pour les armes qui finissent à Gaza. La Bande de Gaza est une république
islamique : le Hamastan. Le Liban, ou plutôt le Hezbollistan, est une
enclave iranienne dominée par la légion étrangère et mercenaire du
Hezbollah. La Judée et la Samarie sont dominées par des bandes
claniques, par des éléments armés du Hamas et par des éléments armés du
Fatah. Et « l’Autorité » palestinienne de Mahmoud Abbas en Judée et en
Samarie – concrètement sur le terrain – en termes « d’autorité », c’est
du pipeau mafieux.
Pour conclure, je note que lorsque nous
osons simplement défendre la société libre et laïque de culture
judéo-chrétienne, la gauche, l’extrême gauche, l’extrême-droite laïque
antisioniste et les islamistes nous accusent de prôner la supériorité de
la civilisation chrétienne occidentale, alors que personnellement, j’ai
toujours écrit « société libre et laïque de culture judéo-chrétienne »
et jamais « civilisation chrétienne occidentale ». Ce mélange d’autisme
et de terrorisme intellectuel, à notre encontre, reste pour moi assez
hallucinant. Et puis, ce mélange d’autisme et de terrorisme
intellectuel, révèle, une disparition lente, mais constante et
persistante, de la connaissance. La connaissance rend libre la personne
humaine. La disparition de la connaissance rendra la personne humaine
esclave.
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