TOUT EST DIT

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mercredi 17 octobre 2012

Agir contre la misère

Agir contre la misère 

La misère est un continent immense. Il est peuplé de 865 millions d’êtres humains (1) de tous âges, de toutes langues, de toutes cultures. Partout, ils sont rejetés, parfois même jusqu’à devenir invisibles tant ils dérangent et inquiètent, tant ils interrogent.

Là-bas, le petit enfant de 2 ans casse des briques tandis que sa soeur d’un an plus âgée file sous les étals du marché ramasser quelque précieuse nourriture et glaner les copeaux de bois pour faire bouillir la marmite… Plus loin, un garçon de 8 ans coud des perles sur les vêtements vendus à bas prix dans les pays riches. Agile, il réalise ce que de grandes mains adultes ne peuvent faire : et tant pis s’il s’esquinte la vue irrémédiablement, à force de travail dans le taudis mal éclairé ! Dans la campagne, une jeune adolescente, esclave domestique, s’épuise, abandonnée et maltraitée. Dans les villes du tiers monde, gigantesques et fiévreuses, des hommes, des femmes, des enfants travaillent comme des esclaves. Ils trient, à mains nues, des déchets qu’ils ignorent toxiques. Ils sont enfermés dans des usines aux lourdes portes cadenassées, gardées par des hommes armés. Combien trouvent la mort dans ces lieux vétustes quand éclate l’incendie ! L’enfant soldat, les réfugiés, les malades… La litanie est longue de ceux que la misère isole et emprisonne.

Avec ceux qui en souffrent

Mais, elle n’est pas l’apanage des pays pauvres. Elle est là, ici, en France. Avec la crise, elle étend son emprise. Mais on ne la perçoit qu’avec retard. En 2010, on compte 440 000 nouvelles personnes pauvres, au total : 8,6 millions ! Sont touchés de plus en plus d’enfants élevés par une mère seule, des jeunes en rupture familiale, des travailleurs pauvres… Alors que les besoins augmentent, la revue Esprit (2) révèle que les budgets d’aide sociale ne sont pas toujours dépensés. Ainsi, plus de 5 milliards d’euros du Revenu de solidarité active n’auraient pas trouvés preneurs ! Sur ces entrefaites, on ajoute encore un outil : les contrats d’avenir.

Cela manifeste la volonté de ne pas laisser tomber ceux qui traversent une grave difficulté et c’est heureux. Mais cela interroge sur l’efficacité des politiques publiques. Les dispositifs s’empilent au point qu’il devient difficile, même pour les professionnels du secteur, d’en avoir une vue d’ensemble claire: « Le problème de la pauvreté consiste moins en un manque de dispositifs que dans le fait que ces dispositifs n’arrivent pas à toucher les personnes concernées » (3). À cela s’ajoute la complexité bureaucratique qui détourne, et trop souvent humilie, ceux qui auraient pourtant tant besoin d’aide : «Ce qui manque, c’est la confiance dans l’économie et le travail social. Il faut beaucoup de temps pour se reconstruire de la misère. Oser relever la tête », explique Bruno Tardieu, délégué national d’ATD Quart-Monde (1). En s’inspirant des exemples réussis de nos voisins européens, les auteurs (3) plaident pour une approche de la pauvreté plus efficace, plus participative et moins coûteuse : cesser d’empiler les dispositifs ; simplifier l’accès aux aides ; mieux coordonner le travail entre l’État et les collectivités locales; accompagner, surtout, ceux qui ont besoin d’aide. Cela signifie les écouter et construire avec eux les politiques nécessaires.

(1) 865 millions de personnes vivent avec 0,75€ par jour. Voir dimanche Ouest-France, 14 octobre 2012

(2) «La pauvreté perdue de vue», Esprit, octobre 2012

(3) M.-O. Padis et L.-M. Schaer, Esprit, octobre 2012

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