N’en déplaise aux tenants des politiques keynésiennes qui ont
fait la preuve de leur insanité et de leur échec, le projet de budget
centré sur les hausses d'impôts nous amène à une certitude : 2013 sera
pire que 2012.
"Le désendettement sera compétitif et keynésien". C’est le dessinateur du journal Le Monde, Plantu, qui reprend ainsi la phrase d’une interview donnée à son journal par le ministre de l’économie, Pierre Moscovici. « Phrase légendaire », dit Plantu, dont le dessin représente un public de chômeurs devant des usines fermées.
Plantu serait-il devenu anti-keynésien ? Toujours est-il qu’il a le
mérite de souligner l’essentiel du débat actuel sur le chômage. Car si
tout le monde a commenté le « choc fiscal », auquel personne
n’échappera, bien supérieur aux modestes baisses de dépenses publiques,
peu nombreux (en dehors de notre équipe de libéraux) sont ceux qui ont
prêté attention à la doctrine keynésienne qui sous-tend le projet de
budget soumis au Parlement.
« La dette est l’ennemie de l’économie ». Mais qui a créé la dette ?
Bien évidemment le point de départ de notre ministre est réaliste :
il faut réduire les déficits publics avec « une dette qui dépasse les
90% du PIB, seuil qui pénalise durablement la croissance ». Pour un
socialiste keynésien, reconnaître que la dette, donc les déficits qui
l’ont constituée, pénalise la croissance est une effort méritoire, voire
une abjuration. Pourquoi les ancêtres de M. Moscovici, une fois
parvenus au pouvoir en 1981, ont-ils alourdi les déficits et laissé
dériver la dette ? Il est plus facile pour le ministre de l’économie de
mettre tout au passif du quinquennat Sarkozy, qui s’est traduit il est
vrai par un accroissement de 600 milliards de la dette française.
Lorsque le ministre indique que le gouvernement doit redresser les
finances publiques, le journaliste du Monde, qui connaît son catéchisme
keynésien sur le bout des doigts, lui demande « au risque d’une
récession ? ». Réponse de P. Moscovici : « La dette est l’ennemie de
l’économie, des services publics (sic !), de notre souveraineté
nationale. Pierre Bérégovoy parlait jadis de la désinflation
compétitive, je veux parler du désendettement compétitif ». Belle
conversion soudaine à l’orthodoxie budgétaire. « Un euro de plus pour le
service de la dette, c’est un euro de moins pour l’éducation, pour
l’hôpital ou pour la sécurité ». Là, les choses se gâtent : si le
gouvernement veut diminuer dette et intérêts, c’est pour pouvoir
augmenter les dépenses publiques. Comme si ce n’était pas la dérive des
dépenses qui avait fait exploser la dette.
Les pays qui ont fait du « laisser-aller budgétaire » se sont « pieds
et poings liés retrouvés entre les mains des marchés ». Il faut donc
éviter de tomber dans les mains des méchants marchés, qui font payer
plus cher les pays les moins solvables en augmentant le taux d’intérêt
(prime de risque). Mais qui est coupable ? Le marché, qui vient financer
les pays imprudemment en déficit excessif et leur évite la banqueroute,
ou les gouvernements qui ont mis le pays dans cette situation ?
Les coupes budgétaires sont « récessives »
Donc, voici le nouvel objectif : retour aux 3% du traité de
Maastricht, sorte de mini règle d’or que les États se sont empressés de
ne pas respecter. Comment revenir en 2013 aux 3% de déficit ? Par une
hausse, que le ministre reconnait être considérable, de 20 milliards des
impôts. Ne chipotons pas sur les chiffres, car le ministre oublie les
hausses déjà votées lors du collectif budgétaire ; en tous cas le choc
fiscal est sans précédent. Pourquoi augmenter les impôts au lieu de
diminuer les dépenses ? Réponse du ministre « Les coupes budgétaires
ayant un impact plus récessif que les hausses d’impôts, nous avons fait
cette année tout ce qui était possible et nécessaire ».
S’agit-il d’une nouvelle loi économique ? Si notre ministre affirme
que diminuer les dépenses est « plus récessif » que les hausses
d’impôts, c’est qu’il croit que toute dépense publique a un effet de
relance : il revient ainsi au keynésianisme le plus pur. La dépense
publique serait-elle aujourd’hui un moteur de la croissance ? On observe
que jamais les dépenses publiques n’ont été aussi élevées, et que
jamais on a connu une stagnation aussi durable. Ce ne sont pas les
« mesures d’austérité » qui prolongent la crise, contrairement à ce que
soutiennent Messieurs Mélenchon et Thibaut. Et Monsieur Moscovici se trompe en voyant dans la réduction des dépenses publiques une politique « récessive ».
« Revenons à Keynes »
Par contraste, aux yeux du Ministre, l’augmentation des impôts serait
moins récessive. Or, il est démontré et prouvé que les hausses d’impôts
ont un effet négatif sur l’offre : elles poussent à travailler ou
entreprendre moins, elles font fuir les plus productifs à l’étranger. En
effet les gens n’aiment pas travailler pour qu’on leur reprenne
l’essentiel de ce qu’ils ont légitimement gagné. Réaction bien humaine.
Les hausses d’impôts freinant ainsi la croissance, elles entraînent
la stagnation des revenus et des transactions, donc les rentrées
fiscales diminuent : les taux d’imposition ont augmenté, mais la base
fiscale à laquelle ils s’appliquent s’est réduite. Donc les déficits se
creusent encore davantage, et la dette avec.
Monsieur Ayrault et son gouvernement s’en sortent avec un gros
mensonge, qui consiste à affirmer que neuf contribuables sur dix seront
gagnants ou épargnés parce que la réforme accroît la progressivité : à
elle seule, la non indexation du barème pénalise pratiquement tous ceux
qui paient l’impôt sur le revenu.
« Nous faisons contribuer davantage les grandes entreprises dont le
taux d’imposition effectif est de dix points inférieur à celui des PME.
Revenons à Keynes : ce qui fait qu’une entreprise investit, ce ne sont
pas uniquement ses marges ou ses avantages fiscaux, c’est d’abord ses
marchés, ses clients ». Monsieur Moscovici pense-t’il qu’en réduisant
les marges des entreprises françaises, on pourra investir et satisfaire
les clients français ? À l’heure du « patriotisme économique », il
serait bon de rappeler que les grands gagnants de l’affaire seront les
fournisseurs étrangers, moins chargés en impôts et cotisations que les
entrepreneurs français.
La hausse des impôts est le plus court chemin vers la récession
Attention : « Nous ne versons pas dans un keynésianisme archaïque,
mais notre politique marche sur ses deux pieds. Elle veut conforter
l’offre et la demande. Keynes disait à juste titre que la demande
précède l’offre ». Ainsi, au commencement était la demande ; en
revanche, rien sur l’entrepreneur qui anticipe les besoins des clients
et créé ce qui n’existait pas encore. Donc la politique du gouvernement
s’appuie sur l’offre et la demande : elle marche sur deux jambes, mais
l’une est nettement plus longue que l’autre ! À voir les taux
d’imposition exploser, à voir se multiplier les réglementations,
contraintes, interventions sur les prix ou dans les entreprises, on a du
mal à percevoir une politique de l’offre. C’est donc une fausse
fenêtre : c’est la demande, artificielle, qui ouvre le bal. L’offre n’a
qu’à suivre.
Laissons nos confrères détailler les bons et les mauvais impôts, les
vraies et les fausses réductions de dépenses ; l’essentiel est ailleurs.
Le gouvernement, contraint de réduire les déficits, ne touche pas aux
dépenses publiques (« moteurs de la croissance ») ; d’où les hausses
d’impôts. N’en déplaise aux tenants des politiques keynésiennes qui ont
fait la preuve de leur insanité et de leur échec, le projet de budget
nous amène à une certitude : 2013 sera pire que 2012.
mercredi 17 octobre 2012
Les hausses d'impôts, plus court chemin vers la récession
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