TOUT EST DIT

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mercredi 27 avril 2011

Au théâtre italien

Pour une fois, il faut bien reconnaître que Marine Le Pen a raison sur un point: le sommet franco-italien d’hier «n’a été qu’une perte de temps». Ou plutôt, soyons justes, un aimable divertissement dont les deux comédiens ont orchestré le tempo et les répliques avec la maestria qu’on leur connaît pour enluminer le vide.

Le compromis qu’ils ont trouvé ne changera strictement rien à la réalité de l’afflux d’immigrés légaux et clandestins en provenance de Tunisie. La commission de Bruxelles l’a dit explicitement: le «renforcement» des accords de Schengen, demandé par Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy ne sera, au mieux, qu’une clarification - allez, un petit ajustement - sur l’interprétation des règles de libre circulation dans l’espace européen.

De la pure communication. Le président français et le premier ministre italien ont voulu faire croire que le rétablissement des frontières intérieures était envisageable pour éviter le déferlement d’étrangers indésirables. Ils savent l’un et l’autre que c’est quasiment impossible techniquement, et politiquement dangereux: ce serait enclencher un engrenage de méfiance difficile à maîtriser. Mais l’essentiel ne tenait pas à la crédibilité de leur appel de Rome. Il s’agissait avant tout de faire passer un message de fermeté à leurs opinions respectives, et à un certain électorat qui souhaitait l’entendre.

C’est en vendant de cette façon le concept séduisant d’une Europe à la carte qu’on acclimate le citoyen à des illusions simplistes et qu’on l’habitue à des solutions qui semblaient inconcevables. C’est en gommant d’une phrase ses complexités, ses contradictions et ses exigences, qu’on tue l’idéal européen. Plus grave: sans même parler de morale - le pape Benoît XVI s’en est chargé ce week-end en rappelant les impératifs d’hospitalité d’un continent «riche» - c’est une démarche intellectuelle qui tente d’accréditer des fausses certitudes.

Toutes les études - toutes! - montrent que non seulement l’immigration n’explose pas en France - l’un des pays européens qui accueillent le moins d’étrangers - mais surtout qu’elle ne pèse pas sur les comptes sociaux (y compris la protection maladie et même en prenant en compte les prises en charge de la CMU). Mieux, elle bénéficie positivement - c’est un fait comptable - au financement de la protection sociale et des retraites. Si la proportion de la population étrangère au chômage est plus importante, c’est vrai, que celle des natifs, les immigrés, qui occupent les emplois les plus pénibles, «ne prennent pas le travail des chômeurs» pour autant. Le plus souvent très mal payés, ils contribuent à la compétitivité de nombreuses entreprises... et à la survie du made in France.

On a toujours le droit de trouver qu’il y a trop d’immigrés en France, mais la justification économique de ce sentiment n’est pas valable.

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