lundi 21 mai 2012
Pour le Medef, le changement ça devrait aussi être maintenant !
Le mandat de Laurence Parisot à la tête
de l'organisation patronale court encore pendant un an. Mais le Medef
est-il toujours un interlocuteur crédible face au nouveau gouvernement
socialiste de Jean-Marc Ayrault ? Certains chefs d'entreprise français
se posent la question...
Les chefs d’entreprise se posent aujourd’hui la
question de savoir si le Medef est un interlocuteur crédible face au
nouveau gouvernement. Plus que jamais la question est de savoir ce qu’on
attend d’un mouvement dit représentatif des entreprises de France.
La
présidente du Medef n’aurait-elle pas dû au cours de cette campagne
présidentielle défendre les bases nécessaires à la prospérité des
entreprises plutôt que de publier un ouvrage contre un des candidats aux
dernières élections présidentielles ? Fallait-il par la suite
se colorer politiquement en soutenant le président de la République
sortant ? Fallait-il pendant ce quinquennat être aussi attentif et
proche du pouvoir en place ? Fallait-il, quelques jours avant l’élection
présidentielle, louvoyer en se déclarant finalement sur la même ligne
que celui que les sondages donnaient à juste titre gagnant. Le malaise
est sensible et les changements de caps pseudo-politiques nombreux.
On
attendait une prise de position sur des sujets fondamentaux qui
touchent l’opinion publique et qui ont donc des répercussions sur les
décisions politiques, on pense en particulier aux salaires « des grands
patrons ». Les entrepreneurs de France peuvent en vouloir au
Medef de son silence pesant sur le sujet et de sa tolérance vis à vis de
comportements indécents dans la période actuelle en la matière. Aujourd’hui toutes les PME vont payer ces comportements et en matière d’image et par des mesures de répression fiscale.
Lorsque
l’instance patronale fait défaut et se montre indifférente ou incapable
d’autorégulation, le politique prend le relais et que l’on ne s’étonne
pas des lois qui menacent en ce moment pour limiter les salaires ! Le
code AFEP / Medef a été ignoré sinon sur le fond, du moins sur la forme
et pourtant c’est là qu’on aurait aimé entendre le représentant des
patrons. La commission éthique du Medef a été inaudible, et comment
aurait-elle pu communiquer puisque chacun des membres qui la composent a
signé au départ un engagement justement à ne pas communiquer sur des
travaux menés. Le doute s’installe lorsqu’on sait que le patron de
Publicis, président de l’AFEP devient un interlocuteur peu fréquentable
pour le pouvoir en place et que le président élu a refusé de rencontrer
Laurence Parisot pendant sa campagne. Le patron de base se sent bien
seul et bien curieusement représenté. Yvon Gattaz en son temps avait su
amener sur des bases saines François Mitterrand à l’économie de marché…
On
aurait aimé que se prononce à diverses reprises le mystérieux « Comité
des Sages sur les rémunérations » (proposé par le Mouvement ETHIC et
demandé par le Premier ministre de l’époque François Fillon) et qu’il
ait accepté d’œuvrer au grand jour ; il suffisait de le décider pour
Cette élection présidentielle, et les
législatives qui vont suivre sont déstabilisantes pour les chefs
d’entreprises déjà affectés par une instabilité juridique et fiscale
chronique. Ils ne savent pas ce qui les attend et n’ont aucune
visibilité tant sur les lois sociales que sur l’augmentation du SMIC ou
les heures supplémentaires… sans parler des impôts. En cette période
trouble il faut un repère et un leader, un porte parole neutre et
indiscutable des entrepreneurs. En quoi la ligne du Medef est-elle
claire ? Quelle est sa stratégie ? On apprend dans une interview récente
que la Présidente approuve les résolutions de Pascal Lamy et de Jacques
Attali. Est-ce parce qu’ils sont de gauche ? Qu’en pensent les
patrons ? Que viennent faire là des positions sur l’avenir de
l’Europe ?
On a aujourd’hui le sentiment d’un
rétropédalage consistant à se mettre bien avec la nouvelle majorité
politique ; ce n’est pas ainsi que l’on se fait respecter et cela augure
mal d’un dialogue constructif sur les vrais sujets d’autant que la
crédibilité du Medef est justement entachée et dans l’opinion publique
et face à un Gouvernement qui a fait sa campagne sur les excès
financiers que le Medef a souhaité ignorer. On ne peut plus aujourd’hui
prétendre être une organisation professionnelle indifférente face à
cette même opinion publique, on voit bien que la croissance est de plus
en plus liée à l’image, on attend des valeurs et qu’elles soient
respectées et expliquées ; on attend aussi des réactions immédiates en
cas de conflit ou de drame social sans laisser le politique se
précipiter seul sur place et faire semblant de trouver des solution
alors que pendant ce temps là, le Medef semble ne rien avoir à dire et
n’être en aucune manière concerné ; peut être, mais alors il faut le
dire et expliquer pourquoi…
Aujourd’hui,
les patrons veulent que leurs entreprises réussissent et c‘est bien la
seule condition pour que la croissance revienne. C’est cela
qu’il fallait marteler et qu’il faut encore et encore revendiquer en
faisant une saine pédagogie de la place de l’entreprise et de la
conception de l’éthique patronale. Vouloir privilégier le dialogue
social plutôt que d‘être gérés par les lois est une approche louable à
condition de ne pas jouer sur tous les tableaux et à ne pas prendre
parti : la CGT pour Hollande et le Medef pour Sarkozy, c’était
franchement une mauvaise idée et les entreprises n’appréciaient pas du
tout.
Il y a vraiment autre chose à faire et à
dire, et les contorsions qui ont précédé et suivi l’élection
présidentielle pour être sur la ligne gouvernementale n’ont pas été très
glorieuses. On ne doit pas laisser les responsables politiques
s’approprier seuls la stratégie économique du pays, fondée sur nos
entreprises. C’est le monde à l’envers : la présidente du Medef se bat
contre Marine Le Pen et les candidats décident de nos investissements !
Est-ce qu’attendent nos 3.000.000 d’entrepreneurs ?
Alors certes, un nouveau président du Medef sera élu
dans un an, mais un an c’est bien long lorsque la France a décidé que le
changement c’est maintenant … pour le patronat ce doit être tout de
suite ! Nos entreprises ont des échéances et des décisions à prendre
tous les jours. La confiance c’est d’abord celle que l’on accorde à ses
représentants pour qu’ils fassent passer les bons messages.
En
revanche, on reste sur sa faim sur les sujets qui taraudent les chefs
d’entreprise : contre propositions sur les projets fiscaux, réflexion
poussée sur l’investissement ; l’Etat doit-il vraiment investir et
comment ? Dans quel domaine ? Dans quels secteurs ? C’est tous les jours
qu’il faut réagir, contre carrer, proposer, pas à coup de grandes
messes infructueuses.
que
ce comité ait le droit de s’autosaisir. En l’état actuel des choses,
pour intervenir il faut que quelqu’un de l’entreprise concernée par un
salaire abusif du dirigeant en fasse une demande officielle (processus
obscur et marche à suivre quasi impossible à trouver). A coté de cela,
des sujets qui suscitent toute la passion de la présidente ne sont pas
des plus consensuels comme par exemple la bataille pour le congé de
paternité…
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