TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 4 mai 2012

Le noir est une couleur


Parce que l’électeur est une fleur fragile à entourer de mille soins, la plupart des postulants à un mandat politique s’évertuent à peindre l’avenir en bleu ou en rose. Pas François Bayrou. Sa spécialité, c’est le noir.
Bayrou est le Cassandre des élections ; à côté de lui, les écologistes sont d’aimables épouvantails. Leur peur du nucléaire fait pâle figure à côté des catastrophes pressenties par le candidat centriste. Il est convaincu que l’effondrement de la Grèce préfigure ce qui attend la France. C’est, dit-il, le dernier moment avant le précipice pour sauver notre modèle social et républicain.
Ce genre d’axiome austère ne fait pas recette : 3,27 millions de voix le 22 avril, 9 % des suffrages, une cinquième place, derrière Jean-Luc Mélenchon. Chez Bayrou, le trou aussi est noir. Le voilà menacé de marginalisation durable.
Pour rebondir, il franchit le Rubicon, à la manière centriste. Pas de consigne donnée à ses électeurs, dont il sait qu’ils se répartiront (mais dans quelles proportions ?) entre François Hollande, Nicolas Sarkozy et le vote blanc. Mais à titre personnel, par hostilité aux raidissements de l’UMP, il votera Hollande. C’est une rupture avec le centre droit, un pied-de-nez à Sarkozy et une tentative (désespérée) de redonner une force spécifique au centrisme, ce qui sera évidemment plus facile si l’UMP éclate pour cause de défaite.
Dans l’immédiat Bayrou peut se consoler en se disant qu’il a raison trop tôt. Son leitmotiv («un pays endetté est un pays malheureux ») fait son chemin. L’obligation de réduire la dette des Etats s’installe dans les esprits. La maîtrise des dépenses publiques n’est plus une aberration, c’est une sage précaution -et, dans le meilleur des cas, un projet de gouvernement.
Aux yeux de Bayrou, qui se targue d’anticiper mieux que les autres, l’option est idéale : jouer avec le noir jusqu’à en tirer de la lumière, en période de marasme profond, ça aide et pour tout dire ça soulage.

0 commentaires: