jeudi 10 mai 2012
"La France va regretter Sarkozy"
Les voix qui se sont mêlées aux imprécations et aux sarcasmes contre le
président s'élèvent pour vanter ses mérites et ses qualités.
L'hommage que recueille dans le pays depuis sa défaite Nicolas Sarkozy
n'est certes pas unanime, mais il est étrangement plus ample qu'on ne
l'attendait. C'est ainsi que l'on entend, dans le peuple comme parmi les
"élites politiques", des voix qui s'étaient naguère mêlées au concert
d'imprécations et de sarcasmes dont le président fut l'objet s'élever
aujourd'hui pour vanter ses mérites et ses qualités. Encore un peu et
ses adversaires d'hier vont le regretter ! Ce fut le cas, toutes choses
égales, pour de Gaulle. La France est décidément bien frivole et
inconstante. Elle a la lucidité tardive. Elle pleure même Chirac ! Elle se détache aussi vite qu'elle se donne, et lorsque le mal est fait, elle se mord les doigts, se repent et se reprend.
Il est vrai que Sarkozy n'a pas toujours fait ce qu'il fallait pour
se faire aimer. Ce n'était pas par provocation, c'est dans sa nature.
Nature : naturel. On dit d'un homme dénué de toute affectation qu'il est
naturel. Franc, sincère. Le contraire de l'artifice et de la démagogie.
Ce n'est pas dans l'usage de la tradition politique française.
Sarkozy a heurté la frileuse sensibilité nationale, l'exquise
délicatesse d'un peuple ô combien raffiné. Bayrou avait comparé Sarkozy à
un "enfant barbare". Bayrou, lui, est un adulte civilisé. On voit ce
que cela donne. Comparez. Vive les enfants barbares !
On pensait à tout cela mercredi en voyant les images du dernier
conseil des ministres et en entendant les membres du gouvernement défunt
pleurer leur chagrin et leur malchance. Parmi eux, il y avait François
Fillon, le seul qui ne soit pas aujourd'hui un orphelin désemparé parce
qu'il a un passé particulier, et un avenir assuré. Ce passé mérite un
hommage, dont on s'étonne qu'il ne lui soit pas rendu publiquement avec
plus d'éclat.
Fillon, en effet, est étroitement associé au bilan de Sarkozy, sur
lequel un Français sur deux porte un jugement positif si l'on en croit
la sanction électorale, sans compter ceux qui ont voté Hollande pour la
seule raison qu'ils "détestaient" la personne du président sortant.
Fillon est le co-auteur de ce bilan. À Sarkozy la poétique, à Fillon la
pratique. Ce fut un couple parfait, et peu importent les orages qui le
traversèrent, qui font les couples les plus efficaces et qui relèvent de
la chronique people. Le sang-froid, la persévérance, la fidélité et le
talent de Fillon ont très largement contribué aux résultats d'une
politique dont l'histoire reconnaîtra le moment venu les mérites, parmi
lesquels la clairvoyance, l'intelligence et le courage.
Que la France ait connu durant cinq ans une paix civile et une
stabilité politique rarement atteintes dans le passé, en dépit des
effets d'une action réformatrice audacieuse et malgré la haine opiniâtre
que celle-ci stimula à gauche, on le doit évidemment à Nicolas Sarkozy,
qui l'a payé cher, mais aussi à François Fillon, qui en sera
certainement récompensé un jour.
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