jeudi 10 mai 2012
Le cas de la Grèce est désespéré
François Hollande est confronté plus tôt qu’il ne l’espérait à la
crise de l’euro. Une fois de plus, c’est la Grèce qui a mis le feu aux
poudres. Les partis anti-austérité de droite et de gauche (surtout aux
extrêmes des deux camps) ont fait exploser le paysage politique, rendant
le pays ingérable. Les socialistes et la droite qui se relaient au
pouvoir depuis la chute des colonels, en 1974, et qui gouvernent en
coalition depuis la fin de l’année dernière, ont été broyés par les
électeurs. Ils ne totalisent, ensemble, que 32 % des voix. Il leur est
impossible de poursuivre la politique d’austérité imposée par la «
troïka » FMI, Union européenne et BCE. En conséquence de quoi l’aide à
Athènes a les plus fortes probabilités d’être gelée.
La crise
institutionnelle qui se greffe sur la crise de la dette donne le coup de
grâce à la politique de l’autruche pratiquée par les acteurs de ce
dossier. Non, il n’est pas possible de redresser un pays par la saignée.
Non, il n’est pas crédible de vouloir inculquer aux Grecs, en quelques
mois, les rudiments d’une administration politique inexistante depuis
des décennies. Non, les partenaires d’Athènes ne reverront jamais leur
argent.
Oui, il faut que la Grèce quitte la zone euro. Elle y est
entrée par effraction, en maquillant ses déficits. Elle paie aujourd’hui
au centuple les bienfaits qu’elle a cru retirer de ce tour de
passe-passe. L’euro est devenu son boulet. Il ressemble à un poids de
20 kilos attaché aux jambes d’un coureur déjà épuisé, qui tente de
rattraper en clopinant ceux qui le précèdent.
Le couple Merkozy a
cru éviter l’implosion en obtenant l’annulation du référendum prévu par
Papandréou l’année dernière. Paris et Berlin n’ont fait que reculer
l’échéance. Chassez les électeurs par la porte, ils reviennent (et c’est
heureux) par la fenêtre : c’est ce que les Grecs ont fait dimanche.
Alexis Tsipras, le leader de la gauche radicale arrivée en deuxième
position a demandé à rencontrer François Hollande. Les Grecs ont les
yeux de Chimène pour le socialiste qui veut renégocier le pacte de
stabilité européen. Mais Hollande, qui aura déjà beaucoup de mal à
maîtriser les paramètres économiques français, ne risque guère de leur
être utile : ce n’est pas d’une renégociation qu’ils ont besoin, c’est
d’un miracle. Et personne en Europe n’a de baguette magique. Le cas de
la Grèce est désespéré !
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