mardi 22 mai 2012
G8 : Obama soutient la façade européenne en pensant à sa réélection
A l’instar de Jimmy Carter, mais dans un autre contexte, Barack Obama
a réussi son Camp David. Au lendemain de l’élection présidentielle
française, mais surtout à la veille de sa possible réélection, il était
de première nécessité, plus encore que de remporter des primaires pour
ses rivaux républicains, que l’Europe n’apparaisse pas désunie ; ou
pire : à l’heure de sombrer.
Malgré les poignées de mains et les risettes, François Hollande
compte peu dans ce calcul. Nicolas Sarkozy aurait tout aussi bien fait
l’affaire. D’autant que le nouveau locataire de l’Elysée apparaissait
comme un possible déstabilisateur d’une Union européenne déjà bien
faible. Heureusement, son discours sur la croissance a sauvé le précaire
équilibre sur lequel comptait son homologue américain.
Certes, il serait pour le moins naïf de croire que les Européens, à
commencer par les Allemands et les Français, malgré leur ton conciliant,
se sont mis d’accord sur le sujet. Mais peu importe ! Ce qui compte,
c’est la façade – et en l’occurrence les mots, tels que repris dans le
communiqué officiel du G8. Qu’elle tienne jusqu’à la fin de l’année…
Pour le reste…
« Le rétablissement de l’économie mondiale montre des signes
prometteurs, mais des vents contraires importants persistent »,
affirment – ça n’engage à rien… – les dirigeants des Etats-Unis, de la
Grande-Bretagne, du Canada, de l’Italie, de la France, de l’Allemagne,
du Japon, et de la Russie.
Un impératif : « encourager la croissance et les emplois ».
Et une volonté : « Nous sommes déterminés à prendre toutes les mesures
nécessaires pour renforcer et revigorer nos économies (…) »
Méthode Coué
Comment ? Personne ne le dit, ni même ne semble le savoir. Au point
qu’ils se sont accordés pour dire que les mesures à prendre pour lutter
contre la crise « ne sont pas les mêmes pour tous » !
Un petit coup dans les réformes structurelles pour faire plaisir à
Angela Merkel, un autre vers les investissements pour celui de François
Hollande… Qui dit mieux ?
Allez ! on déclare même, contre toutes les prévisions actuelles,
qu’on se battra pour que la Grèce reste dans l’euro. Une pétition de
principe, ça ne peut pas faire de mal ; et c’est même la base nécessaire
du gouvernement démocratique.
Puisque on en est aux déclarations sans intérêts, pourquoi pas se
risquer dans le contradictoire ? Ainsi, lesdits dirigeants déclarent
soutenir « des politiques de consolidation budgétaire durables et
intelligentes », et récusent, dans le même mouvement, tout protectionnisme : « Nous soulignons l’importance de marchés ouverts et d’un système commercial équitable, robuste et fondé sur des règles. »
Ben voyons ! Pendant ce temps-là, pas fous, les Américains n’auront
aucun scrupule pour faire fonctionner la planche à billets ; quitte, si
les dettes européennes continuent de se dégrader, à nous prêter de ces
beaux dollars tout fraîchement imprimés…
Pas grave non plus. François Hollande a pu dire tout ce qu’il
voulait : retrait d’Afghanistan, croissance… et être entendu. Comment
cela ne l’aurait-il pas rendu heureux, alors qu’il débarque dans le
vaste monde, et n’a eu, jusqu’ici, à poser aucun acte ? Ce monde de
discours est fait pour lui…
Attention ! tout de même. Parce que, mercredi, à Bruxelles, privé de
la tutelle du président Obama, certains de ses partenaires européens
vont peut-être lui faire entendre une autre chanson.
Attention aussi à ne pas trop délaisser les Français qu’il a
accablés de promesses. D’une surtout : le changement. Pour eux, cela
signifie essentiellement que ça aille mieux. Et les législatives sont
dans moins de trois semaines.
Alors, qu’il réfléchisse mieux à ses discours et propositions qu’il
n’a réfléchi, susurrent les mauvaises langues, à sa déclaration de
patrimoine. Les Européens ont toujours sous les yeux quelques cas
délicats. A commencer par la Grèce – mais il ne faudrait pas que l’arbre
cache la forêt.
Certes, tous ses partenaires assurent comme lui que la Grèce va
aller de mieux en mieux, et surtout qu’elle restera dans l’euro. A
grands coups de dollars ?
Et en respectant ses engagements, qui plus est. Ce n’est pas
d’aujourd’hui qu’on nous sert cette chanson. Et rien, hormis le gouffre
des prêts, n’a changé depuis…
Bien sûr, on nous serine que la sortie de la Grèce de l’euro
coûterait une fortune. Parce que son maintien n’a rien coûté, sans
doute ? Les marchés sont moins frileux que les politiques, qui l’ont
déjà anticipée. Il n’y a là plus de tabou pour eux. Y compris celui de
la fin de l’euro. Tout, plutôt que de voir l’argent arrêter de circuler.
Et les débiteurs cesser de rembourser.
Cela risque de porter un coup terrible à la construction
européenne ? Peut-être… Mais cela dérange, semble-t-il, de moins en
moins d’Européens…
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