La décision a été mûrement réfléchie et le déclic final s'est
produit il y a quelques semaines, quand Brigitte Girardin collectait des
parrainages pour la candidature de
Dominique de Villepin
à l'Élysée. «J'ai passé des journées et des nuits au téléphone avec des
maires, des élus de l'outre-mer que j'ai bien connus. Et j'ai pu
constater à quel point ils étaient furieux», raconte l'ancienne ministre
de Jacques Chirac. «Je suis tellement écœurée que tout le travail que
nous avons réalisé de 2002 à 2005 dans les Dom-Tom ait été ruiné par la
politique de
Nicolas Sarkozy», confie-t-elle au
Figaro.
Pour
cette «fidèle chiraquienne», déçue que Dominique de Villepin n'ait pu
mener campagne à la présidentielle, l'élection de 2012 devenait
problématique. «Je ne me reconnais plus dans les valeurs de l'
UMP,
dans cette droitisation que rien n'arrête», fustige cette «gaulliste
sociale». «En 2007, j'ai voté pour Nicolas Sarkozy par résignation. J'ai
ensuite combattu sa politique générale avec Dominique de Villepin - et
celle menée outre-mer en particulier. Je veux aujourd'hui que cette
politique cesse, que l'on arrête la casse et que l'on mette un terme à
ce quinquennat, poursuit l'ancienne ministre. Qui est le plus en mesure
de le faire?
François Hollande. Je voterai donc utile, c'est-à-dire pour Hollande dès le premier tour.»
«À titre strictement personnel»
«Je
ne sais pas si Hollande sera capable de rassembler les Français au-delà
de la gauche mais, au moins, il ne tient pas un discours qui les
divise», ajoute Girardin qui exclut «l'idée d'un ralliement». Elle se
félicite néanmoins de voir que le candidat socialiste a repris
«plusieurs des idées que voulait défendre Dominique de Villepin», comme
la constitution d'un gouvernement autour de dix grands pôles.
Faut-il voir dans cette annonce
un nouveau désaveu de la famille chiraquienne à l'égard de Nicolas Sarkozy?
Girardin s'en défend. «J'agis à titre strictement personnel»,
explique-t-elle en «regrettant» que certains, dans l'entourage de
l'ancien président de la République, «se sentent en droit de s'exprimer à
sa place». Il ne faut pas non plus voir dans sa décision les prémisses
de celle que pourrait prendre Dominique de Villepin. «Je l'ai informé
avant de la rendre publique, mais ce n'était pas une surprise pour lui,
raconte l'ancienne secrétaire générale de République solidaire, parti
qu'ils ont fondé dans la perspective de la présidentielle. Il a toujours
laissé son entourage libre d'agir en toute indépendance.»
«Mise en scène grotesque»
L'ancien
premier ministre, selon plusieurs proches, «fera de toute façon ce
qu'il veut», «au moment qu'il décidera». «Il ne parlera pas avant le
premier tour et il n'est pas sûr qu'il en fasse davantage entre les deux
tours», estime un fidèle. Et ce, malgré les appels à la réconciliation
très appuyés lancés par Nicolas Sarkozy ces derniers jours. Dans un
entretien à
L'Express, le président-candidat explique ainsi qu'il sera «ouvert à l'endroit de tous ceux,
y compris Dominique de Villepin,
qui veulent participer au choix historique consistant à dire aux
Français: pas de retour en arrière». «Je n'ai pas le droit de tenir
compte d'oppositions politiques ou personnelles anciennes pour limiter
ce rassemblement», ajoute-t-il à l'égard de l'ancien premier ministre.
Ces déclarations n'ont pas l'heur de plaire dans l'entourage de
Villepin, où l'on dénonce «une mise en scène grotesque qui ne dupera
personne». La rivalité entre les deux hommes à la fin du quinquennat de
Jacques Chirac s'était transformée en guerre ouverte sur fond d'affaire
Clearstream. Plusieurs proches voient la main de l'Élysée dans l'échec
de Villepin à réunir ses 500 parrainages pour concourir à la
présidentielle.
Six ministres de la majorité
Pour
Jean-Pierre Grand, président de République solidaire, le moment de
parler n'est cependant pas encore venu. «Mon silence, c'est mon regret
de ne pas pouvoir voter pour Dominique de Villepin cette année», ne
décolère pas le député de l'Hérault. «Dominique a été empêché, j'en suis
scandalisé, surtout quand j'entends
Jacques Cheminade,
Philippe Poutou
et consorts à la télévision ou la radio», explique-t-il avant d'assurer
que «bien sûr», il accomplira son «devoir» de citoyen et d'élu. L'homme
ne croit de toute façon pas aux «consignes de vote»: «Ce serait prendre
les Français pour des imbéciles, surtout qu'ils ont déjà fait leur
choix dans leur tête.»
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