jeudi 19 avril 2012
La gauche et les calamiteuses 35 heures
Non seulement la gauche a bridé la
compétitivité française en instaurant la politique du franc fort puis en
faisant entrer le franc dans l’euro à un cours désavantageux pour notre
pays, mais les dirigeants socialistes ont pris, en 1997, une décision
capitale qui ne pouvait qu’aggraver les effets néfastes de leur
politique monétaire sur la compétitivité : l’instauration des 35
heures.
Représentant une augmentation du coût du travail de 11,4 %, les 35 heures sont une mesure typiquement idéologique,
en ce sens que personne ne la demandait ( ce que voulait la classe
ouvrière, c’était d’abord de meilleurs salaires ! ) et qu’elle obéissait
à un raisonnement de caractère purement philosophique.
Est
à l’œuvre derrière cette décision, la philosophie de la "fin du
travail" : on pense que, grâce au progrès technique, les hommes
travailleront de moins en moins jusqu’à ne plus travailler du tout. Une
philosophie qui s’articule avec la théorie de la décroissance chère aux
écologistes. Les deux se trouvent aux antipodes des valeurs
fondamentales de la classe ouvrière qui tient le travail pour une donnée
fondamentale de l’existence.
Illusoire
et catastrophique fut également la théorie du "partage du travail",
l’idée que si certains travaillaient moins, d’autres auraient plus
d’emploi : les plus grands économistes sont depuis longtemps d’accord
pour dire que le travail ne se partage pas. Faire travailler moins les
uns ne donne pas de travail aux autres, bien au contraire...
L’expérience le confirma.
Il est
probable que le vrai motif des 35 heures était l’intégration
européenne : le choix du franc fort, dans un marché ouvert, contraignait
à la modération salariale ; on se dit que faute de pouvoir donner de
l’argent aux salariés, on leur donnerait du temps ! Ce que naturellement
ils ne demandaient pas.
La
dissolution de 1997 avait pris le PS de court. Il élabora en hâte un
programme de bric et de broc. Quelqu’un (probablement Dominique
Strauss-Kahn) suggéra de passer de 39 à 35 heures. La proposition fut
adoptée d’autant plus facilement que la gauche ne s’attendait pas à
gagner les élections. Elle les gagna. Jospin était un honnête homme ; il fit ce qu’on ne doit jamais faire : tenir ses promesses quand elles sont mauvaises.
A
ces objections, les socialistes répliquaient que, dans l’industrie, les
progrès de la productivité compenseraient très vite le coût du passage
aux 35 heures. C’était vrai, mais, ce disant, ils perdaient de vue avec
une extrême légèreté que plus de 80 % des emplois français ne sont plus
des emplois industriels : quels gains de productivité attendre dans les
services à la personne, l’enseignement ou l’hôtellerie ? Le résultat ne
se fit pas attendre : si l’industrie encaissa assez vite le choc des 35
heures, les hôpitaux et les maisons de retraite s’en trouvèrent
désorganisés, obligés de choisir entre une inflation des coûts et un
appauvrissement du service. C’est de là que l’on peut dater le début du
déclin de notre magnifique système hospitalier.
Comme
le PS ne tenait pas non plus à se mettre à dos le patronat, Martine
Aubry chargée de mettre en place les 35 heures, après avoir passé
quelques années de lucratif pantouflage chez Rhône–Poulenc, lui concéda,
en échange, toute une série d’avantages : subventions très
coûteuses pour le budget de l’État, flexibilité beaucoup plus grande des
horaires de travail et naturellement une modération salariale qui, au
bout de quelques années ont compensé, et au-delà, les 11,4 % que
représentait le passage aux 35 heures. En bref, les 4 heures gagnées,
les salariés les ont payées 10 ou 12 !
Le
partage de la plus-value qui se situait en 1980 à environ 80 % pour le
travail et 20 % pour le capital n’a cessé de se dégrader depuis lors :
le rapport est aujourd’hui d’environ 65 %-35 %. Pour les raisons que
nous venons de voir, la période où il s’est le plus dégradé au détriment
des salariés est celle du gouvernement Jospin, marxiste de formation
comme on sait.
Le caractère désormais
imprévisible et irrégulier des horaires d’usine rend le travail plus
pénible ; les salariés ne faisant que se croiser, la communauté de
travail s’est peu à peu délitée, affaiblissant un peu plus les
syndicats : bravo le progrès social à la mode socialiste !
Le seul tort de la droite, revenue au pouvoir en 2002, a été de ne pas revenir sur cette politique calamiteuse.
Le lundi de Pentecôte travaillé cher à Jean-Pierre Raffarin, et la
défiscalisation des heures supplémentaires, chère à Nicolas Sarkozy, ne
furent que des coups d’épingle un peu mesquins dans un dispositif qu’on
n’osa pas remettre en cause dans sa globalité (ce qui n’aurait pu se
faire naturellement qu’avec une augmentation des salaires). La droite
dut même subir les conséquences, à partir de 2002, de l’arrivée de
Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne, lequel, à
la différence de son prédécesseur Wim Duisenberg, misa sur un euro le
plus fort possible face au dollar, aggravant ainsi le handicap de
compétitivité de la France et les déficits du pays.
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