Les portes qui resteront fermées à Hollande |
dimanche 8 avril 2012
François Hollande ne peut pas être élu... en tout cas selon cette étude mathématique
A contre-courant des sondages, un
modèle d'analyse s'appuyant sur les travaux d'économistes de renom
prévoit la victoire de Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection
présidentielle.
Les derniers sondages sur les intentions de
vote au deuxième tour de l’élection présidentielle semblent conforter
François Hollande dans son rôle de grand favori de l’élection, avec des
résultats estimés autour de 53 à 54 %, selon les instituts de sondage,
face au président sortant Nicolas Sarkozy.
A
contre-courant des prévisions, un article publié sous l’égide du
professeur Bertrand Lemennicier, inspiré des méthodes d’analyse
politique de l’école dite du "Public choice" prédit l’échec du candidat
socialiste et la victoire du candidat sortant.
Née
au tournant des années 1960, sous l'influence des travaux d'Anthony
Downs, Gordon Tullock et James Buchanan -prix Nobel d'économie en 1986-
l’école des "choix publics" applique l’analyse microéconomique
aux phénomènes politiques et institutionnels et établit ainsi
l’existence d’un "marché politique" où sont en confrontation constante
des offres et des demandes politiques.
Cette
école aide notamment à comprendre les offres politiques des candidats à
une élection et leur positionnement au regard de ce qu'elle appelle
l’électeur médian, c’est-à-dire cet électeur fictif qui se situe à la
médiane d’une distribution statistique de l’électorat, en le séparant en
deux parties égales. Concrètement pour remporter une élection un
candidat doit partir à la conquête de cet électeur fictif car il lui
permet d’obtenir au moins 50% des voix plus une : l’électeur médian.
L’originalité de cette approche est qu’elle ne s’intéresse pas aux
électeurs en tant que tels, mais qu’elle se met du point de vue de
l’offre politique et de sa proximité avec l’électeur médian. Le
professeur Bertrand Lemennicier rappelle cette loi d’airain en
politique : "le dictateur dans une démocratie, c’est l’électeur médian".
Utilisé
avec succès aux Etats Unis et en France, ce modèle d’analyse a permis
de prédire le résultat des votes, souvent avec une grande précision,
notamment lors du 2ème tour des élections présidentielles en 2007 entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
Appliqué
en 2012, ce même modèle d’analyse spatiale des votes prévoit un score
au second tour de l’élection présidentielle pour François Hollande entre
47,6% et 49,2%, soit une victoire du candidat UMP à 51-53%.
L’étude
fait un découpage de l’électorat français en cinq grandes catégories :
extrême gauche, gauche, centre, droite et extrême droite. Dans cette
répartition, deux blocs ressortent de manière prépondérante, la gauche
et la droite, illustrant la structure bimodale du marché politique
français.
Ce premier constat permet d’identifier
où se situerait l’électeur médian global de l’ensemble de la répartition
des votes, c'est à dire. au centre, même si celui-ci est amené à
balancer entre le centre droit et le centre gauche. Le candidat qui est
le plus prêt de l’électeur médian à l’issue des résultats du premier
tour remporte l’élection au deuxième tour
La particularité d’une distribution bimodale
est qu’elle fait apparaître dans chacun des deux camps un électeur
médian intermédiaire qu’il est nécessaire de conquérir au premier tour
dans pour maximiser son score du premier tour.
Au
deuxième tour, la clé de la victoire repose sur la distance qui sépare
l’électeur médian de chaque camp, à l’électeur médian global de
l’ensemble de l’électorat. Autrement dit, chaque candidat va rapprocher
son offre politique au centre à la recherche de l’électeur médian. Dans
ce mouvement conjoint vers le centre, chacun des deux candidats doit
s’efforcer de gagner des voix au centre en en perdant le moins possible
sur sa gauche (pour le candidat de gauche) et sur sa droite (pour le
candidat de droite).
Sur la base de ces
analyses, les différents sondages d’intentions de vote au premier tour
de l’élection présidentielle semblent témoigner d’une distance plus
grande du candidat François Hollande (entre 8 et 12 points) que du
candidat Nicolas Sarkozy (entre 4 et 8 points) par rapport à l’électeur
médian, ce qui conduirait à une victoire du candidat de droite.
Il est nécessaire de faire quelques observations pour comprendre la portée de cette étude. Le
modèle d’analyse utilisé par l’école du "Public choice" suppose la
rationalité des électeurs dans leurs choix, ce qui suppose un vote au
premier tour qui corresponde au choix de leur candidat préféré, et un
vote au deuxième tour qui se reporte sur le candidat restant le plus
proche des préférences exprimées au premier tour. Cela pose la question du report des voix et des comportements des électeurs, entre raison, passion et stratégies électorales.
Dans
ce contexte, on comprend que pour remporter l’élection présidentielle,
François Hollande doit non seulement bénéficier d’un excellent report
des voix à gauche et d’une bonne partie du centre, mais il doit
également grever l’électorat d’extrême-droite du premier tour qui
devrait logiquement se reporter sur le candidat de droite. Ce
cas n’est possible que dans un contexte d’anti-sarkozysme élevé que
tente d’alimenter habillement la gauche, pour détourner les électeurs de
droite ou d’extrême-droite du report rationnel au second tour par
rapport au choix exprimé au premier tour.
Ce
phénomène a également été étudié par l’école du "Public choice" dans ce
que l’on nomme les cascades d’opinions ou cascades d’informations que
constitue l’ensemble des campagnes d’informations, de dénigrement ou au
contraire d’encensement d’un candidat par le biais des médias, en
faisait pression sur l’opinion publique.
Afin de
déjouer les cascades d’opinions à l’encontre de Nicolas Sarkozy, seul
moyen pour François hollande de l’emporter au regard de la distribution
actuelle des intentions de votes, la droite a tout intérêt à endiguer
cette campagne négative en restaurant l’image de chef de l’Etat et
d’homme fort face aux crises de Nicolas Sarkozy. A l’inverse, la
droite a tout intérêt à alimenter une contre cascade d’opinions à
l’encontre de François Hollande en insistant sur son manque
d’expérience, la légèreté de son curriculum vitae, pour un poste qui
nécessite une expérience internationale solide et une forte aptitude à
la gestion de crise.
Les résultats de
cette étude réalisée, pour les dernières données début mars, ne tiennent
pas compte des récents sondages, les croisements des courbes
d’intentions de vote au premier tour, et la poussée croissante de
Jean-Luc Mélenchon. Ces derniers sondages confortent l’analyse spatiale
des auteurs de l’étude de Bertrand Lemennicier. Toutes choses
égales par ailleurs, avec une extrême gauche à 13%, François Hollande
doit atteindre 32,5% des votes au premier tour pour franchir la barre
fatidique des 50% au deuxième tour.
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