dimanche 18 mars 2012
Parrains sous pressions
Les avez-vous vus, nos « impétrants », arborant
un large sourire en allant remettre au Conseil constitutionnel leurs
500 signatures ? Ils ressemblaient à des candidats au baccalauréat ayant
la certitude d'obtenir leur précieux sésame pour passer à l'échelon
supérieur. Certes, ils n'étaient pas tous là. Les premiers de la classe,
depuis longtemps assurés de passer l'épreuve avec leurs besaces
remplies de milliers de signatures, avaient snobé le déplacement. Et
puis, il y avait ceux qui, se sachant recalés, avaient préféré rester
chez eux en critiquant un système inique faisant la part trop belle à la
tête du client.
Et de fait, cette session 2012 des parrainages
pour la présidentielle pourrait bien être la dernière, sous cette
forme. Comme le bac, le système est à bout de souffle. Sous réserve des
validations du Conseil constitutionnel, il y aura bien une dizaine de
candidats admis, sur la trentaine de postulants, mais le processus a
révélé des faiblesses grandissantes, après avoir été conçu pour contenir
des abus.
Si l'inflation de participants a été évitée,
le sérieux des candidatures n'a pas été garanti. Et surtout,
apparaissent d'énormes irrégularités. Jamais n'ont été aussi fortes les
pressions des états-majors sur les élus sollicités par des « petits »
candidats. Résultat : par crainte de représailles, les parrainages de
certains maires sont allés plus facilement vers des candidats
inoffensifs que vers des gêneurs des grands partis. Voilà comment le «
sulfureux » Jacques Cheminade, qui veut coloniser Mars, sera au départ
pendant que Corinne Lepage n'est pas certaine (au moment où nous
écrivons ces lignes) de pouvoir défendre notre planète.
Le cas de Dominique de Villepin, sabordé
volontaire, mérite moins d'apitoiement. L'ancien Premier ministre s'est
interdit de « bachoter » pour être parrainé. Son forfait très politique
est calculé. Celui que Sarkozy voulait pendre à un croc de boucher
pourrait finir en… « raccroc » du Président !
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