jeudi 1 mars 2012
L'Ouest a besoin de métropoles puissantes
Les chiffres de croissance démographique des plus grandes aires urbaines de l'Ouest (Nantes, Rennes, mais aussi, à un moindre degré, Caen, Angers, Brest, Le Mans) sont très élevés. Ils sont même souvent parmi les plus forts de France. Ce renforcement des « métropoles » régionales inquiète ceux qui rêvent d'un aménagement « équilibré » des territoires, où les populations seraient étalées de façon homogène sur le sol régional, bien réparties au sein d'un harmonieux chapelet de villes moyennes et de bourgs ruraux... Mais on n'aménage pas les territoires comme on étale du beurre sur du pain : la vie contemporaine impose ses règles et cette polarisation exercée par les grandes villes répond à de redoutables défis.
Dans une économie mondialisée où règne une impitoyable concurrence et où les innovations et les services jouent des rôles déterminants, l'enjeu est de développer les indispensables fonctions qui fabriquent l'avenir : recherche, formations supérieures, services haut de gamme, logistique... Or, la production de ces fonctions ne peut se faire n'importe où et n'importe comment. Il faut réunir beaucoup d'acteurs spécialisés : on ne développe pas un laboratoire de pointe avec trois ou quatre chercheurs ni une université avec deux départements... Il faut aussi que ces acteurs appartiennent à un grand nombre de domaines pour que de fructueuses synergies puissent s'opérer. Seules quelques grandes villes, bien insérées dans les réseaux internationaux, peuvent atteindre cet objectif. D'où l'inévitable concentration des activités et des populations au sein des métropoles. Concentration qui a même tendance à s'amplifier, surtout quand ces villes assurent, en même temps, des fonctions politiques, administratives, judiciaires...
Cet essor des métropoles ne peut-il s'opérer qu'au détriment du reste du tissu régional ? Comme si, pour habiller Paul, il fallait obligatoirement déshabiller Pierre ? En fait, alors que le monde rural renaît à l'Ouest et que le dynamisme de la plupart des villes moyennes n'est plus à démontrer, on voit bien que le développement des métropoles ne joue pas contre leur environnement. C'est même tout le contraire ! Ces « villes-mères » sont des atouts déterminants pour leur région : elles constituent, grâce à leur insertion dans les réseaux internationaux, des « portes d'entrée » dans la mondialisation. De plus, leur image et leur éventail de prestations contribuent très largement au renforcement de l'attractivité de leurs territoires environnants. Enfin, que dire des effets d'entraînement qu'elles exercent sur leur région, à travers les innombrables liens qu'elles tissent avec les acteurs régionaux et les réseaux qu'elles animent dans les domaines universitaires, techniques, culturels, commerciaux ?
C'est précisément en déséquilibrant les territoires que les métropoles contribuent à leur dynamique... Quand on se situe à la périphérie de l'Europe, on ne peut pas continuer de se plaindre indéfiniment du rôle dominateur et prédateur de Paris et, en même temps, refuser de s'organiser dans nos régions pour produire les fonctions capitales d'avenir. Loin d'être trop puissantes, nos métropoles de l'Ouest se révèlent encore souvent trop faibles pour produire toutes les fonctions déterminantes du futur. Au-delà des logiques de concurrence qui animent souvent les relations entre les territoires, elles doivent renforcer leur collaboration pour développer une « inter-métropolisation » efficace.
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