TOUT EST DIT

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dimanche 4 mars 2012

L’Europe s’enfonce dans les dénis démocratique et économique  
 
Un sommet chargé, cette fin de semaine, à Bruxelles – mais ne le sont-ils pas tous, depuis qu’Europe rime avec crise, et euro avec dette ? Chargé, parce qu’il fallait gérer le sauvetage grec, les pays qui frappent à la porte, ceux qui accusent de nouvelles difficultés, le nouveau pacte budgétaire par lequel on nous donne l’austérité comme règle, etc. et tout cela sans agacer (pour ne pas dire pire…) des opinions publiques qui voient rouge, dans leur grande majorité, dès qu’on leur parle de Bruxelles, et descendent dans la rue dès qu’on les incite à se serrer la ceinture. Alors, les contraindre, vous pensez bien, est un jeu dangereux…
Aussi, avant toute chose, s’emploie-t-on à calmer ces peuples, qui sont décidément des empêcheurs de mondialiser en rond. Il est vrai que le peuple croit encore, le pauvre !, en la démocratie ; croit encore être souverain.
Herman Van Rompuy, le président de l’Union européenne reconduit, facilement en cette occasion (il n’y avait ni autre candidat, ni opposition), dans ses fonctions pour un nouveau mandat de deux ans et demi, l’a joué nuancé : « Je ne dis pas qu’on est sorti de l’ornière, mais il y a un tournant dans la crise. »
Son comparse de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a certes souligné que la crise de la dette est « encore là ». « Mais maintenant nous avons la possibilité d’un changement de perspectives, a-t-il ajouté. Avec l’adoption dans son principe du nouveau programme [de sauvetage] de la Grèce, qui est un point essentiel, avec la pression réduite sur d’autres pays exposés, nous avons maintenant des conditions nous permettant de nous concentrer sur une question essentielle, la croissance et l’emploi. »
C’est un peu le serpent qui se mort la queue : ce sont les nouvelles avancées évoquées qui permettent d’envisager une sortie de crise, mais c’est parce qu’on envisage cette sortie de crise qu’on peut se permettre ces nouvelles avancées
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas Nicolas Sarkozy, trop empêtré dans ses contradictions et engagé dans une campagne électorale moins flamboyante qu’il ne l’espérait (voir ci-dessous), qui viendra dire le contraire !
Les milliards grecs
La zone euro donc a ouvert la voie au déblocage du deuxième plan de soutien à la Grèce, soit 130 milliards d’euros d’aide publique et un effacement partiel de la dette détenue par les banques, à hauteur de 107 milliards d’euros. Les ministres des Finances de l’Eurogroupe ont en effet estimé qu’Athènes avait rempli toutes les conditions exigées avant tout déboursement, en termes d’économies budgétaires et de réformes économiques.
On ne voit pas – en tout cas : on ne nous dit pas… – ce qui a changé. La Grèce, si on arrive à faire l’impasse de la violente opposition populaire, affirme depuis des semaines que tout est en place, et qu’elle satisfait bien aux conditions (qui sont des abandons de souveraineté, une fois de plus) nécessaires pour obtenir cette nouvelle aide. Hier, Bruxelles ne voulait pas l’admettre. Aujourd’hui, elle acquiesce.
Hormis le fait que le Parlement grec avait donné son aval (une nouvelle fois) au dit plan d’austérité, la seule réelle différence, semble-t-il, c’est que Berlin est désormais satisfait des garanties. « Si les conditions fixées sont remplies… », a déclaré le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble à l’ouverture de la réunion. Et tous les autres (à l’exception des seuls, semble-t-il, Pays-Bas qui ont osé émettre un doute) se sont engouffrés dans la brèche ainsi ouverte par l’Allemagne qui, une fois encore, fait la pluie et promet le beau temps.
La seule certitude, dans tout cela, c’est que l’argent ainsi accordé à Athènes est donné à fonds perdu, puisque les Européens ne le reverront pas. Ce n’est pas du pessimisme contre l’optimisme, voire l’euphorisme dont fait preuve Bruxelles. C’est l’avis d’un analyste semble-t-il autorisé, puisque le FMI a cru bon de publié son commentaire…
Discipline budgétaire
Autre point important : la signature, vendredi matin, de vingt-cinq des vingt-sept pays de l’Union européenne du nouveau traité instaurant plus de discipline budgétaire en Europe.
Qu’on me permette une nouvelle fois d’exprimer ma satisfaction qu’un sujet aussi délicat, au point que pendant des mois personne n’arrive à s’accorder sur cette question budgétaire, soit réglé en quelques heures, simplement parce qu’on a décidé de se réunir à Bruxelles pour signer un traité.
Chacun (ou presque) oublie donc ses griefs et ses oppositions ? Admet une règle d’or considérée comme insupportable par les peuples – surtout au moment-même où on apprend que le chômage a encore augmenté ? Ou croit le mensonge de Nicolas Sarkozy qui ose affirmer devant les Français qu’en donnant plus de pouvoir à Bruxelles (il est vrai qu’il ne le dit pas comme ça…) la France recouvrera davantage de souveraineté budgétaire ?
Cela paraît beaucoup plus complexe, mais c’est, en un sens, beaucoup plus simple. Et c’est encore l’Allemagne, par la voix d’Angela Merkel, qui, en consentant désormais au mécanisme de sauvegarde européen, a donné un signal fort, en direction des marchés, pour montrer « que nous souhaitons un avenir avec une Europe politiquement unifiée ». Dans laquelle les Etats-membres, censés être souverains, auraient de moins en moins la possibilité de s’exprimer…
Et ce déni de démocratie serait bon pour nous, Nicolas ?
Nous y reviendrons…

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