TOUT EST DIT

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dimanche 4 mars 2012

Sarkozy accuse Hollande, sans le nommer, de «tartufferie»

A Bordeaux, où il prononçait son cinquième grand discours de campagne, le président-candidat a longuement fustigé le PS à qui il reproche de l'avoir chahuté jeudi dernier à Bayonne. Il a aussi taclé François Hollande, qui a proposé un taux d'imposition à 75% pour les hauts revenus.


Le tartuffe en action

La réponse à Bayonne est venue d'emblée, cinglante: «A Bayonne, jeudi dernier, j'ai vu des gens qui ne supportaient que l'on puisse avoir une opinion différente de la leur», a commencé Nicolas Sarkozy, devant plusieurs milliers de militants UMP (8 000, selon le parti) rassemblés au centre des congrès de Bordeaux. «J'ai vu des gens qui ne pouvaient admettre que l'on ne pense pas comme eux, a-t-il poursuivi. Ils s'imaginent qu'ils vont gagner par la violence et par l'intimidation, ils se trompent!» Le président candidat, qui a été violement chahuté jeudi dernier dans le centre de Bayonne, alors qu'il tentait d'aller à la rencontre des habitants, a poursuivi l'offensive: «Dans la République, on n'empêche pas les autres de parler, on ne se comporte pas comme des voyous!». Le chef de l'Etat est furieux de cette journée de campagne gâchée, qui est venue s'ajouter aux mauvais sondages de la fin de la semaine, enregistrant une baisse des intentions de vote au premier tour.
Sans citer le parti socialiste, suspecté par l'UMP d'avoir largement participé au «guet-apens» de Bayonne, voire même de l'avoir organisé, Sarkozy a taclé «ceux qui se sont joints aux séparatistes basques, petite minorité animée d'une haine aveugle contre la France et prête à tout.» «Honte à ceux qui considèrent qu'une campagne électorale doit être une succession de guet-apens et de coups bas», a-t-il martelé, avant d'ajouter: «Jamais il ne nous viendrait à l'idée de perturber leurs réunions, d'empêcher leurs rassemblements, d'invectiver leurs partisans (…) Je ne veux pas de la République des partis, des clans, des sectaires! (…) Ceux qui se rangent du coté des voyous n'aiment pas la République». Le président a aussi mis en garde «ceux qui nourriraient l'espoir de pouvoir (l)'intimider»: «J'irai partout à la rencontre des Français, personne ne m'en empêchera». Et d'ajouter, bravache: «Ils ne veulent pas qu'il y ait une campagne? Il y aura une campagne, et une sacrée campagne! (…) Personne ne volera cette élection aux Français.»

«C'est du Guéant dans le texte!»

Pour ce cinquième meeting de campagne, Nicolas Sarkozy avait choisi d'aborder les thèmes régaliens, chers à une partie de son électorat et à celui de Marine Le Pen que l'UMP aimerait «siphonner» dès le premier tour de la présidentielle. Le candidat, qui a la main sur ces sujets depuis dix ans (2002), a fait une batterie de nouvelles propositions offensives sur l'immigration, la justice et la laïcité (lire encadré).
Au lendemain de nouvelles déclarations du ministre de l'intérieur Claude Guéant sur les musulmans, Sarkozy a redit son opposition au droit de vote des étrangers aux élections locales, une «atteinte à la République». «Quand on a perdu le vote populaire, on veut mobiliser le vote communautaire», a lancé Sarkozy, qui reproche au PS - sans le nommer - de vouloir séduire les Français d'origine étrangère en proposant d'ouvrir aux étrangers non communautaires le droit de vote aux élections locales. «Rappeler que la République est laïque, ce n'est stigmatiser personne (…) Nul ne peut nous demander de renoncer à notre mode de vie» a-t-il ajouté plus loin, en proposant «l'étiquetage des viandes en fonction de la méthode d'abattage». Le président a rappelé que les cantines scolaires sont «elles aussi tenues au principe de laïcité».
Des propos qui ont été perçus par les proches de Claude Guéant comme un satisfecit présidentiel. «C'est du Guéant dans le texte!», s'est félicité un conseiller du ministre de l'Intérieur, qui n'était pas présent au meeting de Bordeaux. Son entourage jure qu'il n'a jamais été question qu'il s'y rende, alors que les sujets abordés samedi par le président relevaient pourtant de sa compétence. «Aucun ministre n'était invité, sauf Juppé, le président veut être seul face aux Français», insiste un conseiller de Guéant.

Sarkozy dénonce le «cynisme» de Hollande

Retrouvant certains accents de son discours de Grenoble de juillet 2010 - très ferme sur les questions de sécurité et d'immigration - Sarkozy a estimé que si l'immigration pouvait être un «atout», elle pouvait aussi être un «problème». «Pourquoi mentir, pourquoi ne pas avoir le courage d'employer les mots? (…) On ne peut pas être les bienvenus en France si la seule justification de sa volonté c'est d'obtenir des prestations sociales!», a insisté Sarkozy, sous les vivats des militants UMP.
Le président candidat a enfin vivement taclé François Hollande qui a proposé de taxer les très hauts revenus à 75%. «Quand on propose un taux d'imposition à 75% pour faire payer les riches et que l'on explique le lendemain que cela n'a pas vocation à rapporter un seul euro au budget de l'Etat, je dis que c'est du cynisme, c'est une tartufferie. Ceux qui disent cela sont des tartuffes!»
Avant l'arrivée de Nicolas Sarkozy, qui était accompagné de son épouse Carla et de son ami Brice Hortefeux, Alain Juppé avait chauffé les militants. «J'ai confiance dans le bon sens des Français a-t-il lancé. La France a besoin de lui (Sarkozy, NDLR)». Le matin même dans Sud-Ouest, le maire de Bordeaux s'était montré moins optimiste, reconnaissant que le chef de l'Etat souffrait d'un «déficit de sympathie».


Immigration et justice: les propositions de Sarkozy

Dans son discours, Nicolas Sarkozy a développé la thématique de «l'immigration choisie», souhaitant réduire le nombre de nouveaux immigrés. «Nous devons réduire le nombre des arrivées sur notre territoire. C'est pour cela qu'il faut mettre des conditions au regroupement familial: un travail, un logement décent, l'engagement à apprendre le français», a-t-il déclaré. Il s'est aussi déclaré en faveur de «l'étiquetage de la viande en fonction de la méthode d'abattage». «Reconnaissons à chacun le droit de savoir ce qu'il mange, hallal ou non», a-t-il dit.
En matière de justice, Nicolas Sarkozy a aussi proposé qu'un «condamné ne puisse pas bénéficier d'une remise en liberté conditionnelle avant qu'il ait effectué au moins les deux tiers de sa peine». Il s'est également prononcé «pour un droit d'appel des victimes pour les décisions des cours d'assises, pour la détention provisoire et l'exécution des peines». Le président-candidat souhaite également étendre les jurys populaires à la mise en détention provisoire et l'application des peines», et affirmé que «l'obligation de réparer le dommage» devait être une «priorité de la politique pénale des mineurs».

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