TOUT EST DIT

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dimanche 4 mars 2012

De moins en moins de très pauvres

Les bonnes nouvelles sont-elles encore de bonnes nouvelles lorsqu'elles sont lointaines ? On peut en douter, quand on sait que les catastrophes nous saisissent d'autant plus qu'elles se rapprochent. Lorsque des Africains, des Chinois et des Indiens sortent de la très grande pauvreté, l'opinion des pays encore riches frémit-elle de satisfaction ?
Non, hélas. Pourtant, notre neurasthénique pays aurait bien besoin de se remonter le moral. BVA et Gallup International montrent de nouveau cette année que les Français sont plus pessimistes que leurs voisins européens en matière de perspectives économiques, mais aussi plus sombres quant à l'évolution de leur situation personnelle que les Afghans, les Irakiens et les Pakistanais ! Et cela ne s'arrange pas. Plus les Français se voient inquiets, et plus ils s'inquiètent !
Dans ce déprimant contexte, apprendre que l'objectif de réduction de moitié de l'extrême pauvreté dans le monde a été atteint cinq ans plus tôt que prévu nous laisse toujours aussi abattus. À moins que cette annonce faite par les Nations unies ne nous précipite encore plus profondément dans cette spirale de l'asthénie collective. Si les plus pauvres, et même les Africains, sortent de la misère, c'est que nous allons y entrer pour prendre leur place !
On a sans doute raison de voir dans le grand feuilleton économique mondial un drame où se jouent sans cesse des rapports de force, mais pas forcément de penser que demain sera l'image inversée d'hier. Or, les puissances occidentales voient, dans la part massive et grandissante que prennent les pays émergents dans la croissance mondiale (les deux tiers), une menace sur leur séculaire domination du monde.
On n'a pas plus décrété le déclenchement du phénomène de mondialisation qui secoue la planète qu'on ne pourra en siffler la fin. Elle est là et bien là.
Elle a pour elle cette évidence économique qui ne demande rien à personne, et même une évidence morale qui s'impose à tout le monde. Qui pourrait déplorer que des enfants mangent à leur faim, qu'ils soient scolarisés, qu'ils aient enfin accès à des soins médicaux ?
La suite s'imagine différemment selon qu'on est pessimiste ou optimiste. Si l'on est pessimiste, on verra dans ces pays qui s'éveillent nos prochains et redoutables concurrents sur le ring économique mondial. Si l'on est optimiste, on regardera ces sociétés en développement comme des partenaires stimulants et des marchés ouverts à nos produits et à nos services.
Or, le moral, en France, on a vu ce qu'il était. La priorité des candidats à l'élection présidentielle devrait être de redonner confiance au pays, plutôt que de dénoncer et gémir tout au long d'une assez triste campagne.
Lorsque des Africains, des Chinois et des Indiens sortent de la très grande pauvreté, l'opinion des pays riches frémit-elle de satisfaction ?

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