jeudi 2 février 2012
L’heure de vérité de Bayrou
Il parle beaucoup de vérité, dont il prétend être le candidat. C’est une facilité dangereuse. On ne saurait vouloir confisquer sans risque un mot sauvage quand il est en terrain aussi hostile que la politique. Au moment où il affronte un mois de février décisif, François Bayrou ne peut s’offrir le luxe de slogans démagogiques. Comment cet homme de lettres pourrait-il se laisser aller à répéter la triple consonne PPP redite en guise de ritournelle dérisoire. Ce serait folie stratégique que de se banaliser quand il lui faut crédibiliser sa singularité. C’est une de ces contradictions qui ont limité son résultat en 2007 et qui cinq ans plus tard guettent toujours ses pas.
Il parle beaucoup du peuple mais le peuple, insaisissable, s’embrasse sans qu’on parvienne jamais à étreindre son immense corps. Prétendre fusionner avec lui jusqu’à l’incarner, c’est une prétention qui peut le pousser à se dérober. Quant à faire peuple avec des idées et des mots simplistes pour espérer être compris de lui, ce n’est pas le respecter, mais le considérer avec condescendance.
La stabilisation des intentions de vote en faveur du centriste n’est pas seulement l’effet collatéral d’une séquence écrasée par le rebond de François Hollande et la résistance de Nicolas Sarkozy. L’inévitable rebipolarisation de la campagne adresse un avertissement à M. Bayrou. Peut-il vraiment échapper, par la seule force de sa volonté, à la logique implacable de la V ème république ?
Il faut reconnaître au président du MoDem de la constance et une certaine approche gaullienne de la présidentielle quand il ne conçoit le rassemblement qu’autour de sa personne. Mais il ne peut pour autant s’affranchir, en les ignorant avec superbe, des réflexes électoraux qui imprègnent les Français depuis plus d’un demi-siècle. Comment pourraient-ils trouver un nouvel équilibre si on commence par les priver de ces repères devenus artificiels certes, mais toujours essentiels pour se diriger, que sont la droite et la gauche ?
S’il ne veut pas laisser son électorat dans une ignorance qu’il ne mérite pas, le candidat devra dire très tôt ce qu’il fera s’il n’est pas qualifié pour le second tour. La vie continuerait sans Bayrou... Cette transparence-là est un risque, c’est vrai, mais s’il ne le prend pas, il n’a aucune chance de conquérir les quelques pourcentages de méfiance qui lui ont manqué dans la dernière ligne droite, il y a cinq ans. La vérité se paie très cher, et jamais à crédit.
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