vendredi 13 janvier 2012
Même trouver de l'aspirine devient problématique en Grèce
Les pharmacies grecques commencent à connaitre des pénuries de certains médicaments essentiels, et il devient même difficile de trouver de l’aspirine dans 12.000 pharmacies grecques. Les pénuries touchent presque la moitié des 500 références de médicaments les plus utilisés.
« La crise grecque est en train de faire mûrir une «tragédie grecque » en ralentissant l’accès aux soins médicaux et en aggravant l’état de santé des patients », a écrit Martin McKee, un professeur de santé publique à la London School of Hugiene and Tropical Medecine, dans un article paru dans la revue médicale britannique The Lancet.
A l’origine de cette crise, on trouve une décision du gouvernement grec pour réduire le coût des frais de santé qui ont représenté plus de 13 milliards d’euros en 2010, soit 5% du PIB de la Grèce. Pour fixer le prix de base de remboursement des médicaments, le gouvernement grec se base sur la moyenne des prix auxquels on peut les trouver dans les 3 pays de 22 pays d’Europe où ils sont les moins chers. Du coup, les grossistes de médicaments préfèrent exporter leurs marchandises pour en obtenir un meilleur prix, ce qui a alimenté un marché noir, affirment les entreprises pharmaceutiques. « Même les Polonais payent plus que les Grecs pour l’aspirine », explique Heinz Kobelt, le secrétaire général de l’EAEPC, l’Association des sociétés de l’industrie Pharmaceutique d’Europe, qui explique qu’il a vu des boites d’aspirine Bayer qui venaient de Grèce en Pologne, parce qu’elles y étaient vendues plus chères qu’en Grèce.
En outre, les grossistes et les pharmaciens se plaignent des délais de remboursement de la sécurité sociale, et d’un manque de liquidités du secteur. La sécurité sociale doit 330 millions d’euros aux pharmaciens pour les médicaments achetés depuis avril de l’année dernière. Selon les pharmaciens, les délais de remboursements sont compris entre 3 mois et 1 an. En conséquence, les grossistes ne veulent plus faire crédit aux pharmaciens, qui en retour réclament à leurs clients de payer les médicaments au lieu d’attendre le remboursement de la sécurité sociale.
Enfin, selon Richard Bergstrom, le directeur général de l’European Federation of Pharmaceutical Industries and Associations, les fraudes au remboursement provoquent d’énormes détournements des ressources du pays consacrées à la santé. Les pharmaciens réclament le remboursement à l’Etat pour des médicaments qu’ils n’ont pas remis à des patients, mais revendus pour être exportés dans d’autres pays. Bergstrom précise que le ministère de la Santé grec a estimé que ces fraudes lui coûtent plus de 500 millions d’euros par an.
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