TOUT EST DIT

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jeudi 1 décembre 2011

Un ticket pour le cirque

C’était une séquence inévitable. On se demandait seulement à quel moment de la représentation elle allait survenir. C’est fait! Le PS fait semblant de s’indigner. L’Élysée fait semblant de s’étonner. En campagne, le président de la République? Oui, gagné, vous l’avez deviné: il est simplement «dans son rôle» quand il va auprès des Français. Et tous les recours des amis de François Hollande auront beaucoup de mal à faire la démonstration du contraire.

Il faut rendre à Nicolas Sarkozy cette justice: il n’a pas attendu la dernière année avant la présidentielle pour enchaîner les déplacements en province. Un exercice régulier auquel il s’astreint depuis le début de son mandat et qui constitue un point incontestablement positif de sa pratique du pouvoir. Qui pourrait sérieusement reprocher au chef de l’État de sortir le plus souvent possible de ce que Mitterrand appelait sa «cage» - la drôle de bonbonnière de l’ancien palais de la Pompadour - pour aller au contact de ses concitoyens?

Le problème, ce sont les détails et, au-delà, les motivations. Le président fait plus souvent des sauts de quelques heures en région - dans le genre opérations-éclairs avec sirènes hurlantes, centres villes bloqués des heures à l’avance, et auditoire trié sur le volet - qu’il n’y voyage vraiment. Toujours pressé de rentrer à Paris, il ne prend même jamais le temps de passer la nuit dans l’une ou l’autre austère préfecture comme le faisait Chirac. Mais il n’oublie jamais, en revanche, d’éreinter ses adversaires de l’opposition dans des discours censés, pourtant, rester au-dessus de la mêlée.

Politiquement, c’est de bonne guerre. Le président sortant est forcément avantagé, c’est vrai et ce n’est pas nouveau, mais où tracer la frontière entre l’intérêt politique personnel du candidat et la politesse du président? C’est juste une question d’élégance démocratique et d’exigence éthique. Deux scrupules dont ne s’encombre guère l’énergique conquérant à sa propre succession. Le prétendant, lui, peut bien pleurnicher sur un usage abusif des moyens de l’État, il n’est pas sûr qu’il émeuve la France sur ce point.

Faut-il s’étonner que ce sketch annoncé ne passionne guère les Français? Mais c’est comme le cirque, et c’est tant mieux: la prévisibilité des numéros n’empêche pas l’attrait pour le spectacle de la présidentielle, et pour le geste final du vote. Il faut en être, et vite, vite, prendre son ticket pour s’assurer qu’on sera bien sur la liste électorale. Même dévaluée, la magie de la démocratie n’a pas de prix.

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