jeudi 1 septembre 2011
Du poison dans le déjeuner
Il y a des saletés dans le viseur. Comment distinguer l’avenir de la France à l’horizon quand l’objectif est à ce point maculé de taches suspectes ? Une accusation de viol à gauche, de l’argent dans la manche à droite. Pour le citoyen moyen, la photo souvenir de cet été politique est à l’image de la météo de ces vacances : obscure et déprimante.
On voudrait croire, les yeux fermés, aux fermes dénégations de l’Élysée tant les conséquences seraient graves si les faits étaient avérés. Pas facile, en effet, d’imaginer un futur président recevant du liquide de la main d’une (très) riche bienfaitrice et trahissant du même coup la loi stricte qui régit le financement des campagnes électorales.
On voudrait croire, les yeux fermés, qu’il ne s’agit là que d’une manipulation de plus dans un feuilleton qui accumulera encore beaucoup de coups fourrés de toutes sortes d’ici au printemps 2012. Après tout, comme le répètent avec conviction les hussards de l’UMP, voilà des révélations bien tardives, et déjà partiellement démenties, qui ne figurent dans aucun procès-verbal et n’ont d’autre valeur que celle des pages sur lesquelles elles sont imprimées. D’ailleurs, les défenseurs du président s’en rassurent : ce n’est jamais rien qu’un livre…
Pourquoi, alors, cette impression de malaise devant ce nouveau rebondissement ?
Lorsque la déontologie de la presse est mise en cause par un pouvoir au motif que les journalistes, emportés par la gourmandise du sensationnel, relaieraient des rumeurs sans preuve, cette ligne de défense devient immédiatement suspecte. Le Premier ministre ne dispose-t-il pas d’une argumentation plus convaincante, capable de balayer toutes les interrogations ?
La source de la polémique n’est tout de même rien de moins que la parole d’une juge d’instruction éminente, jusque-là respectée pour la rigueur de ses investigations. Serait-elle mue par l’aigreur d’avoir été brutalement dessaisie du dossier que son témoignage, en en recoupant d’autres, en resterait tout de même troublant.
À qui fera-t-on croire que les écuries présidentielles, dont les dépenses de campagne sont si sévèrement contrôlées a posteriori par le Conseil constitutionnel, ne sont pas tentées un jour ou l’autre de tricher avec la règle devenue très contraignante des donations personnelles ? La fraude n’est pas un scénario de fiction qui excite l’imaginaire des reporters. L’expérience montre qu’elle est, au moins, plausible.
Faute de preuves, il est légitime de se poser des questions. Et d’en poser aux personnalités concernées. Il ne s’agit pas de contribuer à diffuser le poison du soupçon, mais de solliciter une vérité qui se dérobe, aussi impénétrable que les déjeuners organisés à l’hôtel particulier des Bettencourt. Et s’il y avait mensonge médiatique ? Eh bien, les poursuites en diffamation sont là pour faire tomber les masques, non ?
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