La tempête boursière n’est pas seulement sévère pour les acteurs économiques, elle est aussi dévastatrice pour la crédibilité des dirigeants politiques. Si en France on fait davantage confiance à Angela Merkel qu’à Nicolas Sarkozy pour trouver des solutions à la crise financière, la chancelière allemande ne bénéficie même pas de ce crédit dans son propre pays...
Au-delà des jeux et des rapports de forces politiques de chaque côté du Rhin, ces deux sondages, faits en parallèle cette semaine, en disent long sur le désarroi général des opinions publiques européennes devant l’impuissance de leurs dirigeants à endiguer la crise financière. Les démocraties sont bel et bien mises à l’épreuve par la folie des marchés. Désorientées par l’imprévisibilité des réactions des «investisseurs», interloquées par l’effondrement des cours de leurs banques, étonnées par l’effet zéro voire négatif des déclarations solennelles du couple franco-allemand, nos sociétés ne savent plus quoi croire, ni qui croire.
Angela Merkel avait raison de redouter les annonces de l’Élysée, présentées comme «historiques» alors qu’elles n’étaient qu’intéressantes. Trop vagues, trop floues, trop lointaines, elles n’ont fait, en revanche, que mettre en évidence l’absence de remèdes à court terme. Les incertitudes sur la santé de l’économie américaine ont fait le reste. Au final, un cocktail hebdomadaire qui a dopé les peurs et dont les ingrédients ont déprimé... les robots informatiques qui assurent désormais automatiquement plus de la moitié des transactions.
Dans le même temps, l’autre antidote à la crise - la réduction des déficits - a montré ses limites. Avec une croissance à 0 % en France au deuxième trimestre 2011 (et à 0,1 % en Allemagne), l’objectif d’une progression de 2,25 % en 2012 est d’ores et déjà hypothéqué - sinon plombé - et avec lui tous les calculs budgétaires. Dès lors, que pèse la parole d’un François Fillon quand il affirme bravement qu’un retour à un déficit de 3 % du PIB «en 2013» est «intangible» ? Redescendre à 4,6 % en 2012 serait déjà un exploit quasiment impossible à réaliser avec une croissance qui, selon de nombreux experts, pourrait ne pas dépasser 1,5 %.
Ce n’est pas faire preuve de mauvais esprit, ni de pessimisme que de l’affirmer: ce genre de déclaration n’a aucune chance de faire retomber la fébrilité ambiante. Un simple constat mathématique. Les marchés, qu’on le veuille ou non, ne se contenteront plus du verbe. L’or d’une sérénité retrouvée n’est plus dans la promesse politique mais dans le métal, solide et froid. Un mauvais signe.
En pleine année présidentielle, et au gré de leurs prochaines universités d’été, les partis, eux, donnent le sentiment aux électeurs de passer des compromis avec la réalité, remettant sans cesse à plus tard le langage de vérité qu’ils louent. Comme s’ils avaient le temps. Comme pour les régimes, c’est toujours demain qu’on commence.
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