vendredi 22 juillet 2011
Une amorce de solution à confirmer
Rumeurs d'accord, frémissements en Bourse, montage technique incompréhensible pour le commun des mortels. Le sommet européen réuni hier à Bruxelles a donné toute la mesure de la complexité de la crise déclenchée par la dette grecque. Après un marathon franco-allemand mercredi à Berlin, et hier en Conseil, les responsables de la zone euro ont présenté leur difficile remède. Un cocktail censé compenser l'impossibilité désormais reconnue d'Athènes de rembourser ses emprunts en temps voulu.
Le cocktail comprend plusieurs mesures fortement emblématiques. Renforcement du Fonds de secours (amorce de Fonds monétaire européen) qui est autorisé pour la première fois à intervenir directement sur les marchés obligataires. Échanges d'obligations avec un allongement des échéances à long terme. Implication du secteur privé, sur base volontaire, à qui plusieurs options seraient offertes.
Tous les détails techniques seront épluchés par les acteurs de la complexe machine financière. Hier après-midi, les marchés semblaient saluer positivement la perspective d'un accord. Simple prise de bénéfice après une semaine très spéculative ou réelle conviction ? On saura rapidement si ces mesures sont considérées comme un défaut de paiement d'Athènes, même partiel. Ce qui serait un signal politique plus grave que son appellation technique ne peut le laisser penser.
La complexité technique des mesures annoncées est, certes, inhérente aux règles du jeu écrites et non écrites des marchés financiers. Elle cache aussi, pourtant, un déficit de clarté politique des dirigeants européens dans leur ensemble, fortement dénoncé récemment par plusieurs anciens hauts responsables, dont Jacques Delors.
La crise place l'Europe devant un choix qu'elle avait déjà fait au moment de l'adoption du traité de Maastricht. En 1992, le choix de l'intégration monétaire fut fait, mais il demandait à être complété par l'intégration fiscale et budgétaire. Ce qui ne fut pas fait. Nicolas Sarkozy a parlé, hier soir, d'une ambition renouvelée, d'annonces d'ici à fin août, d'une vraie gouvernance économique de la zone euro. Une Europe à dix-sept serait née. Hypothèse confortée par les propos de Londres hier après-midi. On attend confirmation.
Aujourd'hui, en pleine crise financière et alors que le réflexe nationaliste pointe aux quatre coins de l'Europe sous les habits de la colère populiste, ce choix se repose de façon dramatique. Soit on renonce à l'intégration, et c'est le saut dans le vide au plus mauvais moment. Soit on complète la construction et, là, les décisions purement techniques ou comptables ne peuvent suffire.
C'est d'un projet, d'un projet politique, que les sommets de Bruxelles ont besoin, pas d'une collection de béquilles. Un projet de divorce, et la spéculation se déchaînerait. Un projet d'union, et pour qu'elle soit viable il faut la vouloir et le dire. La possibilité donnée au Fonds de secours d'acheter de la dette souveraine est un pas vers la mutualisation, de facto, de la dette grecque. Mais il doit être accompagné d'un engagement de nature politique sur cette même voie.
La Grèce paie aujourd'hui, au prix fort, ses manquements, erreurs et trucages comptables. Elle en prend pour trente ans. Mais il serait naïf de penser que le problème est seulement dû aux errances d'Athènes. C'est la préparation d'une réelle intégration économique de la zone euro, annoncée hier par Nicolas Sarkozy, qui est en jeu. Annoncée hier, mais à confirmer.
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