La chancelière allemande enregistre là un succès remarquable. Les discussions semblent également avoir bien progressé sur d’autres questions importantes. Sachant ce que nous en attendions il y a encore quelques jours, ce sommet est une heureuse surprise. En réalité pourtant, le verre est à moitié vide. L’objectif de ce sommet était en effet d’éviter la contagion de la crise à d’autres pays. Or, il n’est pas certain que ce but ait été atteint.
A l’origine du mal européen demeure l’incapacité de l’Etat grec à rembourser ses propres dettes. Le rééchelonnement de la dette prévu par les responsables européens est bien trop limité pour permettre à la Grèce de restaurer sa solvabilité. Athènes reste dépendante du goutte-à-goutte européen.
Un pas de plus vers l'union de transfert
Les garanties que doit assurer le fonds européen de stabilité pour les nouveaux emprunts grecs à long terme, ressemblent davantage à une mise sous perfusion. Le sommet de Bruxelles semble ainsi faire un pas supplémentaire en direction de l’union de transfert. Les taux d’intérêt des crédits d’Etat allemands ont immédiatement bondi après l’annonce d’hier.Quiconque exige le "grand saut libérateur" est taxé d'angélisme: les choses ne sont pas si simples en politique. Pour certaines questions – comme la réforme du système de protection sociale –, seule une politique des petits pas est possible.
De telles argumentations témoignent d'une méconnaissance de la véritable nature de la crise de l’euro. Chaque moment de répit que se ménagent les responsables européens dans cette affaire, finit par leur coûter de plus en plus cher. Pendant ce temps, la situation ne fait que s’aggraver, et toujours plus vite.
Si les dirigeants européens avaient proposé une véritable solution au problème grec dès le printemps 2011, le Portugal n’aurait peut-être pas eu besoin de faire appel à leur aide. Leur approche prétendument pragmatique, consistant à ne faire que le minimum nécessaire, est la raison pour laquelle la Grèce affiche une dette encore plus importante qu’il y a un an et que l’Italie figure sur la liste des prochaines victimes possibles de la crise.
Cela fait un an et demi que l’Europe pratique cette politique de demi mesures. Elle ne peut pas se permettre de la poursuivre pendant encore un an et demi.
Contrepoint
C'est la BCE qui a gagné
Au bout du compte, remarque Handelsblatt, "les politiques soulagent la BCE. Désormais, cette dernière pourra se concentrer sur la politique monétaire laissant la politique financière aux ministres des Finances. Pour cela, la BCE peut largement accorder une petite défaite."
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