La dette grecque est allégée, l'Europe se dote d'un outil «anticontagion».
Sauver la Grèce
Après les 110 milliards d'aide de l'an dernier, le second programme est équivalent. Mais, cette fois, s'y ajoute une contribution du secteur financier privé qui va permettre d'aménager en plus quelque 135 milliards d'euros de dette grecque d'ici à 2019, si 90 % des créanciers privés jouent le jeu.
Côté public, le soutien de l'Union européenne et du FMI, s'il officialise sa participation pour un tiers, s'élèvera à 109 milliards d'euros, et consistera en des prêts réalisés par le Fonds européen de stabilité financière (FESF) à un taux d'environ 3,5 % sur 15 à 30 ans.
Côté privé, le tribut consenti par le secteur financier est estimé à 37 milliards d'euros, sur la période 2011-2014. Un chiffre qui grimpe à 106 milliards d'euros sur la période 2011-2019. Il s'agit de la perte de valeur nette que devront constater les banques, assureurs et autres fonds sur leur stock de dette grecque. Car, comme prévu dans le dispositif imaginé par les banques françaises et proposé par l'Institut de la finance internationale, les créanciers de la Grèce pourront choisir entre trois grandes options : des échanges de dette essentiellement contre des obligations à 30 ans, un «roulement», c'est-à-dire un réinvestissement des crédits remboursés par Athènes dans de nouveaux emprunts émis à 30 ans, ou la participation à un programme de rachat.
Concrètement, pour cette dernière option, c'est le FESF qui rachètera de la dette «d'occasion» sur le marché, à un prix cassé (vraisemblablement 60 % de leur valeur faciale). L'impact de ces «buy-backs» sur le secteur privé est estimé à 12,6 milliards d'euros supplémentaires.
Pour la Grèce, l'ensemble de ces opérations auront pour effet d'alléger considérablement le poids du stock de dettes et de ses intérêts. La part publique et la part privée diminueraient chacune le poids de la dette de 12 points de PIB à l'horizon 2019. Pour faire bonne mesure, le Portugal et l'Irlande bénéficieront des mêmes améliorations que la Grèce sur les taux et la durée des prêts du FESF.
Plan anticontagion
Aucune référence directe à un défaut de la Grèce dans le communiqué des gouvernements. Ce sera aux agences de notation d'en juger, mais il est vraisemblable qu'elles décréteront un «défaut sélectif». L'obsession de la zone euro, et de la BCE, est bien de limiter la portée d'un tel événement. Il a donc été martelé que la Grèce était un cas «unique», ainsi que l'engagement «solennel» des autres États européens à honorer leur signature. Le secteur privé ne devrait donc pas être mis une deuxième fois à contribution, une perspective qui avait motivé la récente dégradation de la note portugaise par exemple. Si les marchés persistaient, malgré tout, à vouloir tester les failles de la solidarité européenne, l'Europe se dote d'un arsenal «anticontagion». Comme le souhaitait la France, les pouvoirs du FESF sont étendus. Désormais, il aura non seulement la capacité - comme on l'a vu avec la Grèce - de racheter des obligations souveraines sur les marchés secondaires, mais il pourra aussi recapitaliser les banques à travers des prêts aux États. Une fonction qu'il pourrait rapidement étrenner en Grèce.
Gouvernance économique
Angela Merkel avait prévenu qu'il n'y aurait pas de grand bouleversement sur ce volet. Mais rendez-vous est pris fin août au niveau franco-allemand, puis en octobre avec les présidents du Conseil européen et de l'Eurogroupe pour formuler des propositions destinées à tendre vers un gouvernement économique européen. En parallèle, la Commission se voit confier une mission visant à réduire l'influence des agences de notation sur la politique européenne.
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