dimanche 10 juillet 2011
Laisser le temps au temps
En Libye, l’OTAN bombarde, la France parachute des armes aux «rebelles» de Benghazi. Jour après jour, ils grignotent le terrain aux forces de Kadhafi après avoir déjà gagné l’essentiel: un très large appui diplomatique qui, à terme, interdit toute survie au régime de Tripoli.
Mais face à la Syrie, la communauté internationale, en dehors des multiples condamnations de la répression menée par le régime Assad, semble encore paralysée. Il est vrai que le risque est autre. La Syrie est au cœur de la poudrière du Moyen-Orient avec des mèches courant au Liban par Hezbollah interposé, peut-être jusqu’à Gaza via le Hamas, sans oublier le très explosif cordon ombilical qui relie Damas à Téhéran. Intervenir de trop près dans les affaires syriennes reviendrait à brasser de la nitroglycérine! On ne l’ignore pas en Europe et aux Etats-Unis, encore moins en Israël. Alors, ne rien faire, sous un «ouf» de soulagement inavoué parce que, de toute façon, Russes et Chinois s’apposeraient à une résolution du Conseil de sécurité autorisant de vraies contraintes? Sans le vouloir, Moscou et Pékin, par leur refus systématique, rendent un fier service à Washington et à quelques-uns de ses alliés européens, sans doute aussi à l’Etat hébreu.
Toutefois, ce n’est pas une raison pour regarder les massacres du haut du balcon. Car c’est une «révolution arabe» d’une puissance encore insoupçonnée qui secoue le régime du clan Assad. Avec déjà plus de 1 300 morts, avec des manifestations que même l’Egypte n’a pas connues, du moins dans cette dimension et dans la répression sanglante qui a suivi. Les dizaines de milliers, peut-être centaines de milliers de personnes encore hier à Hama, montrent toute l’ampleur de cette révolution populaire. Ignorer ces foules qui osent s’exprimer sous les balles serait désastreux, humainement et politiquement. Car demain, une autre Syrie débarrassée de la dynastie Assad, de sa corruption et de ses liens avec les mollahs iraniens, pourrait jouer un rôle plus constructif au Moyen-Orient. Une carte à ne surtout pas négliger...
Seule une diplomatie volontaire peut aujourd’hui, faute de coercitions impossibles à mettre en œuvre, soutenir la population syrienne dans ses revendications. Que l’ambassadeur américain à Damas - suivi très prudemment par son homologue français - se soit montré à Hama aux côtés des manifestants, marque un tournant, bien que symbolique. Car un véritable «corset» diplomatique étrangle déjà Damas avec certainement la Turquie voisine comme acteur le plus crédible. Ankara, qui accueille depuis des semaines des milliers de réfugiés syriens, n’apprécie vraiment pas les «démonstrations» des blindés de Damas le long de sa frontière.
Comme Muammar Kadhafi, Bachar el-Assad est sans avenir. Et comme il est impossible d’amener des dictateurs à la raison, leur chute est question de temps. Un temps malheureusement rouge de sang, il est vrai...
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