Cible de rumeurs sur son couple, Martine Aubry, candidate à la primaire socialiste, a décidé de contre-attaquer. A ceux qui veulent la faire passer pour une femme victime de dépendance à l'alcool, mariée à un avocat retraité caricaturé en "islamiste" – parce qu'il a notamment défendu une des jeunes filles menacées d'exclusion scolaire pour port du foulard islamique –, la maire de Lille a fait comprendre qu'elle ne se laisserait pas faire.
Mme Aubry aurait d'ores-et-déjà averti les sites Internet qui répandent ces rumeurs sur son couple, qu'elle était prête à porter plainte. Par ailleurs, selon le Journal du Dimanche, Martine Aubry a tenu à mettre en garde ceux qui selon elle sont à l'origine de cette campagne de dénigrement.
"UN HAUT RESPONSABLE DE L'ÉLYSÉE"
Elle aurait ainsi contacté "un haut responsable de l'Élysée, un préfet qu'elle a rencontré quelques années auparavant, lui disant en substance qu'elle était au courant de ses propos à son encontre, peu dignes de sa fonction". "Le seul préfet qu'elle connaît bien c'est Christian Frémont [directeur de cabinet du Président]. Il a été en poste dans sa région. Et avant d'être à l'Élysée, il était de gauche", indique – tout en réfutant les accusations de Mme Aubry – un proche du chef de l'État, cité par le JDD.
En tout cas, le message de la maire de Lille est maintenant clair : "On ne se laissera pas faire", explique-t-elle. Sa manière de monter au front pour combattre la rumeur a aussi obligé ceux qu'elle accuse à demi-mots d'être à l'origine de ces rumeurs à réagir.
"C'est diffamatoire ! Parce que accuser sans fondement ses adversaires.. nous, on n'est pas dupe", a répondu, Jean-François Copé, le patron de l'UMP, estimant que les avertissements de Mme Aubry se réduisent à "une entourloupe des socialistes pour gagner du temps" : "L'UMP a bon dos pour tout, ce sont des méthodes absurdes et ridicules. Vivement que les socialistes s'occupent du fond".
"UNE STRATÉGIE DE VICTIMISATION"
Dans la même veine, Nadine Morano, ministre chargée de l'apprentissage et de la formation professionnelle, a affirmé samedi au JDD que "l'UMP condamne toutes les méthodes qui consistent à salir un homme ou une femme politique" et que "tous les politiques sont des victimes potentiels d'Internet, qui peut se transformer en déversoir à insultes. Un torrent de saloperies est déversé depuis le début du quinquennat sur Nicolas Sarkozy". Mais pour Mme Morano, la démarche de Martine Aubry résulte d'"une stratégie de victimisation pour dissimuler la pauvreté du programme socialiste et les ratés de son entrée en campagne".
Sur Radio J, le ministre du travail, Xavier Bertrand, a conseillé dimanche à Mme Aubry de porter l'affaire devant la justice : "Si Mme Aubry s'estime attaquée par des rumeurs sur Internet qu'elle porte plainte. Voilà ce qui permet de mettre un terme à toutes les attaques possibles", a déclaré le ministre. Toutefois, il a estimé que la candidate socialiste n'était pas la mieux placée pour donner "des leçons" : "Quand Mme Aubry, dans un discours, comparaît le président de la République à M. Madoff, c'était d'une indécence sans pareil. Quand il y a eu des attaques sans précédent contre la personne d'Eric Woerth, c'était pareil".
De son côté, Dominique de Villepin, président de République solidaire, a estimé que les rumeurs concernant Martine Aubry étaient "scandaleuses", "d'où quelles viennent". "Il faut que chacun puisse s'engager à ne pas faire de la politique comme ça et à ne pas jouer avec ça", a-t-il souligné.
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