La sortie d'Eva Joly sur le défilé militaire a embarrassé les socialistes, et soudé la droite autour de François Fillon. Analyse.
Tout d'abord, le timing était parfait, avec ce long week-end maigre en actualité. Après la mort de six soldats français en Afghanistan, cette revendication pourtant habituelle des écolos avait tout pour provoquer des étincelles.
Ensuite, la riposte brutale de la droite, François Fillon en tête, a forcé tous les candidats de gauche à serrer les rangs autour de l'ancienne magistrate attaquée sur ses origines norvégiennes. Et ce alors même que, au départ, les socialistes ne jugeaient pas "opportunes" les déclarations d'Eva Joly. "Pour nous, le 14 juillet marque la rencontre symbolique entre la Nation et ses citoyens par le biais de corps constitués, comme l'armée", souligne le député de l'Ardèche, Olivier Dussopt, porte-parole de Martine Aubry.
La sortie d'Eva Joly lui aura donc permis de s'imposer dans le concert des candidats à gauche tout en cultivant sa différence. "Nous sommes une société angoissée qui a perdu ses repères. L'un des thèmes de la campagne tournera autour de l'identité de la France, de sa place dans l'Europe et dans le monde. Les hésitations des socialistes à propos du 14 juillet montrent bien qu'ils ont peur d'être pris à rebours sur le patriotisme", analyse Yannick Jadot, directeur de campagne d'Eva Joly.
Depuis Libreville, au Gabon, François Fillon a justifié ses propos, s'estimant "en colère" contre l'idée d'Eva Joly. Il s'est aussi "félicité" de la polémique. Face au feu roulant de la gauche, le Premier ministre s'est replacé au centre de la majorité. Alors que ses propres députés le jugeaient "désinvolte", il a même réussi l'exploit d'être défendu par un modéré comme Lionel Tardy aussi bien que par les durs de la Droite populaire, pourtant peu tendres à son endroit. De quoi agacer son grand rival, Jean-François Copé, le patron de l'UMP...
"Au départ, ce n'est qu'un dérapage de François Fillon. Ensuite, on en fait une construction politicienne, avec cette montée en ligne pour défendre le Premier ministre, juge le socialiste Michel Sapin, proche de François Hollande. Il demeure toutefois assez effarant, au moment où l'Europe joue son avenir dans la crise de la dette, de voir un Premier ministre se lancer dans une polémique de cette nature..."
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