TOUT EST DIT

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samedi 11 juin 2011

Syrie : « Je ne me tairai pas ! »

« Je ne me tairai pas ! », clame un Syrien sur son blog où il continue à critiquer le régime, sa police, sa répression, malgré les menaces dont il est l'objet. Des dizaines de milliers de Syriens font de même et non seulement protestent, mais manifestent malgré les balles, les arrestations, les tortures.

Le pouvoir syrien s'imagine sans doute que, comme il y a trente ans, il peut recourir à la force la plus brutale : à l'époque il avait écrasé une insurrection dans la ville de Hama, faisant plusieurs dizaines de milliers de morts. L'ordre gouvernemental avait alors été rétabli par le père de l'actuel dictateur.

Cependant les moyens d'hier ne peuvent obtenir un tel résultat aujourd'hui à Deraa, Douma, Baniyas et ailleurs. Bien au contraire, car tout le pays, tout le Moyen-Orient, le monde entier savent ce qui se passe et désapprouvent Bachar el-Assad. Son masque de Président libéral et réformateur est tombé. Il est comme son père un dictateur tortionnaire, s'appuyant sur quatre réseaux de police aussi terribles les uns que les autres. Mais il sent la fragilité de son régime. La minorité alaouite dont il fait partie a de plus en plus de mal à s'imposer aux 80 % de sunnites qui peuplent la Syrie. Il pense sans doute que, s'il montrait quelque ouverture, ce pourrait être compris comme une faiblesse, une faille dans laquelle s'engouffreraient tous les opposants et qu'alors sa famille pourrait être balayée. Pourtant la répression ne résoudra pas le problème et n'assurera pas sa stabilité. Au contraire, elle accroît la détestation dont il est l'objet.

Attentisme

Mais Assad a pensé pouvoir obtenir l'acquiescement, au moins tacite, des Occidentaux en tentant de leur faire croire que la rébellion était une rébellion islamique. Jusqu'à ces dernières semaines, les Occidentaux s'étaient rapprochés de lui considérant que la Syrie pouvait être un élément de poids pour stabiliser la région face à ce genre de menace. Mais plus personne n'est dupe. Aussi, après certes trop d'hésitations, les Occidentaux le condamnent enfin.

Cependant, personne ne semble avoir de stratégie vis-à-vis de la Syrie. Or, pendant que la répression s'intensifie (on en est à plus de 1 200 morts connus), d'autres forces se mettent en marche. L'Iran, par exemple, qui apporte son soutien, ce qui inquiète le Conseil de coopération des pays du Golfe qui craint que l'escalade ne conduise à renforcer dans la région les tensions entre chiites et sunnites. Cela pourrait donner une tout autre ampleur aux divers conflits qui sommeillent ou sont en cours.

L'Europe, les États-Unis, l'Otan ont fait savoir qu'ils n'envisageaient pas d'intervenir comme cela a été le cas en Libye. Deux poids, deux mesures donc. Ce qui relativise le devoir d'assistance à population en danger qui a pourtant été proclamé avec force ces derniers temps...

Quoi qu'il en soit, les choses peuvent dériver, s'aggraver et prendre une plus vilaine tournure encore. Chacun le sait et pourtant reste attentiste... Car les condamnations de l'Onu, si bienvenues soient-elles, ne changent pas grand-chose à cette situation.

Pendant ce temps-là, l'économie syrienne s'effondre, le pays se meurt avec nombre de ses habitants assassinés. Les réfugiés fuient vers la Turquie. Ce qui est désormais certain, c'est que rien ne sera plus comme avant, car la volonté des Syriens, désireux d'entrer libres dans le XXIe siècle, ne faiblit pas.

Ils ne se tairont pas !

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