TOUT EST DIT

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samedi 11 juin 2011

Dette publique grecque : danger sur la zone euro

Si la Grèce cessait subitement de rembourser une partie de sa dette, une spirale infernale risquerait de se déclencher en Europe : les partenaires européens pourraient cesser d’accorder leur aide à la Grèce et Athènes pourrait sortir de l’euro afin de monétiser sa dette en drachmes (l’ancienne monnaie grecque), d’où une forte dévaluation. Cela permettrait certes de restaurer la compétitivité, la Grèce ne réalisant que 35 % de ses échanges avec des pays de la zone euro. Mais si une monnaie trop forte est pénalisante, une monnaie trop faible a également des inconvénients : sachant que 80 % de la dette grecque est détenue par l’étranger et libellée en euros, la Grèce ne verrait son endettement que très faiblement réduit. Le renchérissement des importations entraînerait un choc inflationniste et une perte de pouvoir d’achat. Ensuite, une faillite grecque exposerait l’Europe à un choc financier terrible. Certes, la Grèce ne contribue au PIB de la zone euro qu’à hauteur de 2,6 % et ne représente que 4 % de ses déficits cumulés. Mais ce qui nous pend au nez, c’est un vaste choc provoqué, comme en 2008, par l’arrêt de la distribution de crédit par les banques. Le risque global généré par la dette des « PIGS » (Portugal, Italy, Greece, Spain) est bien réel. Bien que d’ampleur et de nature différentes (140 % du PIB de la Grèce, premier pays touché ; dette croissante depuis 10 ans pour le Portugal ; dette plus récente liée à l’éclatement de la bulle immobilière pour l’Espagne et l’Irlande), ces dettes sont contagieuses car elles sont liées aux créances interbancaires européennes. La France, l’Allemagne, le Royaume Uni, qui détiennent 700 milliards de créances, sont fortement exposés. En cas de défaut de paiement des Etats, les banques devraient payer, mais contrairement à la crise de 2008, les Etats ne pourraient plus les renflouer… Ensuite, rappelons que la France compte parmi les pays les plus endettés : elle est passée de 35 % d’endettement dans les années 1980, à 82 % en 2010 (1.500 milliards d’euros !). Si l’on veut éviter la déstabilisation générale de la zone euro, déjà mise à mal par la guerre des monnaies et la concurrence déloyale asiatique, sauver la Grèce est donc une absolue nécessité. Mais la politique d’austérité prônée par le FMI ou l’UE ne permettra pas à elle seule un rééquilibrage, l’effort demandé aux ménages devenant insupportable et risquant de détruire ce qui reste de croissance. Dans ce contexte de récession, la diminution brutale des dépenses publiques accélère donc la chute du PIB, qui diminue plus vite que la dette publique. Et le fait que les prêts consentis à la Grèce le soient actuellement à des taux supérieurs à sa croissance nominale, aggrave l’endettement du pays. Face à ce dilemme, la solution pourrait résider dans des prêts à taux moindres et dans une relance de la croissance par l’investissement, comme le proposent, dans un rapport récent, les experts du Capec (*). Selon eux, il conviendrait de faire de la Banque européenne d’investissement une véritable banque européenne de développement et de créer un Commissariat européen à l’investissement. Une solution intelligente qui implique une vision à long terme et une véritable coordination européenne.
(*) Les Dossiers du Capec : « Grèce. Deux questions pour une proposition de sortie de crise – Juin 2011 », www.fondscapec.

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