TOUT EST DIT

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samedi 11 juin 2011

La favorite

Elle peut afficher cette décontraction des premières de la classe à qui tout, jusque-là, a semblé réussir. C’est en position de force, en effet que Christine Lagarde va briguer la direction générale du Fonds monétaire international. Le soutien que lui ont accordé, hier, les pays de l’Afrique subsaharienne lui donne un avantage symbolique qui complète son avance arithmétique. Que pouvait-elle espérer de mieux que l’appui des états qui comptent parmi les plus pauvres de la planète pour faire taire les critiques ses détracteurs : ils ne pourront plus moquer si facilement l’ultra libéralisme d’une bourgeoise «candidate des banques». qui n’aurait d’autre programme que de faire rendre gorge aux économies les plus misérables.

Gentiment moquée à son arrivée à Bercy pour son amateurisme, il y quatre ans, la très distinguée ministre de l’économie et des finances de la France fait preuve, dans sa campagne planétaire d’une maturité politique certaine. Elle se donne les moyens de conforter sa réputation d’experte compétente jouant tout à la fois de son assurance naturelle, de son aisance dans la langue anglaise et de son sens aigu de la négociation acquise aux États-Unis.

Elle n’hésite pas, non plus, à utiliser son statut actuel pour faire campagne. Toujours ministre, elle dirige sa maison depuis son avion. La France est généreuse, qui lui laisse autant de liberté pour se vendre, dans une séquence économique aussi cruciale. La ministre est à ce point libérée qu’elle envisage d’aller rencontrer DSK à New York. Bien joué : elle donnera ainsi l’image d’une femme courageuse tout en récupérant les précieux conseils de celui qui fut peut-être le meilleur directeur du FMI depuis 1946. Il en connaît toutes les ficelles…

Mme Lagarde se placerait ainsi, sans le dire, dans sa continuité, ce qui – contrairement aux apparences – serait loin de constituer un handicap. Elle-même brave avec aplomb l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête par la Cour de justice de la République dans le règlement de l’affaire Tapie. Elle se dit sûre d’être épargnée par la justice, son principal obstacle désormais sur la route de Washington.

Si le probable duel avec le patron de la banque centrale du Mexique, Agustin Carstens, sera probablement moins serré qu’elle ne le redoutait, le mano a mano avec la CJR sera sans doute moins facilement gagné qu’elle ne l’imagine. Si rien, en effet, ne peut lui être reproché dans le recours à un tribunal arbitral – une solution fréquente et la plupart du temps juridiquement satisfaisante pour dénouer des affaires inextricables – elle apparaît plus fragile face aux accusations de légèreté voire de complaisance à l’égard de conflits d’intérêt manifestes dans la procédure qui a permis d’accorder plusieurs centaines de millions d’euros à l’homme d’affaires controversé. Et la logique du droit est souvent moins prévisible que celles des courbes tendancielles des taux de profit.

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