"Nous avons clairement deux candidats remarquables", estime Domenico Lombardi, professeur d'économie et ancien conseiller du FMI. Christine Lagarde, ministre des Finances depuis quatre ans, peut faire valoir une expérience solide au sein du G20 et de la zone euro. Le soutien des sept administrateurs de l'Union européenne lui est acquis. Agustin Carstens, qui cumule quatre ans et demi à la tête du ministère des Finances puis de la banque centrale du Mexique, "a plus d'expérience" au sein des institutions financières internationales, estime Fred Bergsten, directeur du Peterson Institute, un centre de recherches de Washington sur l'économie internationale.
Il avait accédé au poste de directeur général adjoint du FMI (soit son numéro trois) en 2003, époque où Christine Lagarde était encore avocate. Vendredi, à New Delhi, il a défendu ses "qualifications", espérant que la désignation se ferait au "mérite". "Si je devais être élu, je mobiliserais toutes les ressources pour aider l'Europe", a-t-il assuré dans un entretien au quotidien allemand Die Welt à paraître samedi. Un troisième candidat déclaré, le président de la banque centrale du Kazakhstan Grigori Martchenko, a finalement renoncé. "J'ai décidé de ne pas y aller", a-t-il déclaré vendredi à la chaîne américaine CNN, estimant "plus ou moins évident que Christine Lagarde va être élue". Il n'avait pas fait campagne.
Tradition
Des États membres parmi les plus importants, au premier rang desquels les États-Unis, le Japon et la Chine, se donnent encore du temps pour se prononcer. Le FMI s'est fixé pour objectif de désigner un nouveau dirigeant le 30 juin. Le Fonds prévoit de publier le nom des candidats en début de semaine prochaine, s'il y a trois candidats ou moins, ce qui paraît très probable. S'il y avait quatre candidats ou plus, le conseil d'administration se donnerait une semaine pour se mettre d'accord sur trois personnes, les mieux placées, qu'il veut entendre à Washington. Pour Colin Bradford, économiste spécialiste du FMI, "ce serait une surprise qu'un candidat apparaisse à la dernière minute" et se lance dans une campagne avec trois semaines de retard sur Carstens et Lagarde.
Les États-Unis et l'Europe se partagent, en vertu d'une convention non écrite, la direction du FMI et la présidence de la Banque mondiale depuis 1946. La tradition pourrait durer encore un peu. L'Union européenne a poussé très fort en faveur de sa candidate et, "dans ces circonstances, il est difficile de gagner contre Christine Lagarde", souligne Colin Bradford. Mais cette tradition est très critiquée. "Il est temps à présent pour un non-Européen, particulièrement un Africain, d'être à la tête du FMI", a affirmé l'Union africaine dans un communiqué daté de mercredi.
Or, vendredi, l'ancien ministre des Finances sud-africain Trevor Manuel, qui a été le seul Africain cité comme candidat possible, a déclaré sur la radio publique SAfm qu'il ne postulerait pas. Et le ministre des Finances de la République démocratique du Congo, Matata Mapon, a affirmé à Lisbonne que l'Afrique subsaharienne se rangerait derrière Christine Lagarde. L'Asie orientale et du Sud, malgré son émergence spectaculaire dans l'économie mondiale, n'aura vraisemblablement pas de candidat.
Fin mai, le Mexicain avait relevé, lors de son passage en Espagne qu'"après trois ans de crise et avec un directeur général européen, la crise européenne n'était pas résolue". Un non-Européen verrait "les problèmes européens avec plus d'objectivité (...) ce qui pourrait donner un plan d'action peut-être un peu plus sévère mais aussi plus réaliste", avait-il poursuivi.
Sa seule adversaire dans la course au poste de directeur général, la ministre française des finances, Christine Lagarde, a déjà obtenu le soutien des sept administrateurs de l'Union européenne au FMI. Elle semble bien partie, compte tenu de la tradition qui veut qu'un Européen dirige le FMI.
Mais ce soutien rapide et unanime pourrait être le signe d'une influence politique trop forte sur le FMI, insinue M. Carstens. "Quand le personnel est choisi en fonction d'intérêts nationaux, l'influence politique a tendance à croître plutôt qu'à diminuer", juge-t-il.
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